DU
BAC DE
KERENTRECH AUX
PONTS SAINT CHRISTOPHE Claude Le Colleter S.A.H.P.L Suite
aux vidéo-productions du groupe Histoire et Patrimoine de Lanester, et
dans l’attente de la mise en service du nouveau pont urbain je me suis
attaché dans le présent article à établir une rétrospective sur les
trois ponts Saint Christophe qui ont contribué à l’expansion
et au désenclavement de la commune de Lanester.. |
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Au XVIème siècle, dans le quartier, peu d’animation, deux paroisses très étendues, celles de Ploemeur à l’Ouest du Scorff et à l’Est celle de Caudan. La rivière de Pont-Scorff (appelée plus tard le Scorff) les sépare. Côté Ploemeur le château de Treizfaven déjà habité en 1320, rénové en 1484 va se retrouver en piteux état et abandonné un siècle plus tard. La chapelle Saint Christophe,(Saint Christophe est le patron des voyageurs) vient d’être édifiée au XVème sur un tertre » motte à Madame » déjà existant ( F. Jegou suggère une motte féodale mais le toponyme « motte à madame »ici indiqué signale le plus souvent un tumulus. Côté Caudan ( aujourd’hui Kerentrech-Lanester, on dit aussi Kerenster), une petite population vit en autarcie (en 1427 on y trouve une métayrie appartenant au seigneur du pou, (R. De Laigue ). Quelques passeurs transitent les passagers qui veulent se rendre d’une commune à l’autre. En 1781 le prince de Rohan était disposé à faire construire un pont au passage Saint Christophe dans l’intérêt de la ville de l’Orient dont il est le seigneur à condition que le Roy lui accordât un droit de péage pour les passagers et les voitures. Ce projet sera abandonné mais d’autres projets vont naître. Le
21/04/1789 dans le cahier de la sénéchaussée d’ Hennebont on pourra
lire « qu’il est intéressant pour le public de
construire un pont sur la rivière du Scorff, à Saint Christophe, au
lieu du bac incommode qui entraîne des malheurs fréquents et des
inconvénients multiples dont les voyageurs gémissent ». En
1792 J.M Esnoult émet le vœu de remplacer « le bacq…
dont les échouemens fréquents sont des inconvéniens aux expéditions
de la marine, à celle du commerce, aux voyageurs, et enfin à
l’approvisionnement des habitans de la ville dont la plupart, attachés
au service de la marine paient les denrées beaucoup plus cher que tout
ailleurs par la difficulté de communication avec les campagnes …etc »
( Y. Lukas Lorient, Histoire
d’une ville) Sur l’unique feuille du journal hebdomadaire local de 1790, on publie diverses propositions. L’ingénieur Guillois se dit favorable à un pont-barrage, un autre architecte un pont de terre en détournant la rivière. |
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Au XVIIIème
siècle, les voyageurs, venant de
Paris descendaient à Caudan
l’actuelle rue du Scorff pour prendre le bac à péage. On devine sur
la droite en descendant
la maison du « passeur » C’est la présence de
cette maison qui fait penser que l’embarquement primitif devait avoir
lieu au bas de cette rue. (Photo
Claude. Le Colleter) |
L’arrivée
parfois mouvementée se
faisait sur l’autre rive à l’embarcadère situé en ce lieu de
la commune de
Ploemeur (au niveau de l’ancien centre Leclerc). |
Sur ce croquis de 1831, on distingue la chapelle Saint Christophe dédiée au patron des voyageurs (Lorient n’est qu’une escale avant les Indes) ainsi qu’en arrière-plan le « pont Koët Caudan » qui ne sera utilisé qu’une quinzaine d’années. |
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En 1791 un autre projet de messieurs Friché et Ulliac propose de bâtir un pont de pierre, on creuserait un chenal, on retiendrait les eaux d’un lac en amont, le tout régularisé par une écluse … Hélas la révolution bat son plein, l’Europe est en guerre, et on manque d’argent… Le 12 décembre 1818, on décide de construire le pont de bois à péage (« Pont Koët en l’Oriant ») et l’inauguration se fera le 1er janvier 1823. Malheureusement, la solidité de l’ouvrage n’est pas des plus fiables et en 1841 il devient inutilisable. Le 26 juillet 1842, on se décide pour un projet plus consistant, ce sera le pont suspendu…on l’appellera « le pont fil-de-fer » « A dreuz « signifiant en breton « au travers ».En français « le toponyme « trait » est utilisé à l’entrée des estuaires pour en indiquer la traversée, à comprendre dans le sens de « trait d’union »). Il est identique au gallois treth « taux taxe » ; « droit de passage » On le retrouve à la limite des villes où l’on devait s’acquitter d’un droit pour entrer dans la cité proprement dite (A.Deshayes). Il existera aussi en face sous la forme de Treizfaven.( étymologiquement « passage sur l’aven, « aven » avec le sens de rivière. (C’est du moins ce que j’en pense du point de vue toponymique). Ces villages sont assez nombreux en Bretagne et se situent toujours au bord d’un cours d’eau qu’il faut franchir. La
longueur totale du pont (à péage) entre les piédestaux est de En 1900, on ajoute 10 nouveaux câbles, le tramway électrique sera bientôt en service. En 1901: on va pouvoir se rendre plus rapidement à Hennebont, la ligne de tramways est inaugurée.
Le
pont suspendu ( côté Lorient) au début du XXème siècle. Ensuite, la voiture ayant fait son apparition, le trafic devenant plus dense, on installera la circulation alternée, avec un feu rouge actionné manuellement par un gardien quelque peu distrait ou s’accordant des pauses trop longues, qui oubliant de mettre le vert, causera parfois de longs embouteillages !!
Le pont Saint Christophe actuelLe pont suspendu a souffert de la guerre, et le trafic quotidien dépassant les 15 000 véhicules (c’est l’axe Nantes-Quimper), les travaux pour le nouveau pont débutent en 1955. Même les éléphants du cirque Pinder, de passage à Lorient doivent « mettre pied à terre » afin de rejoindre l’autre côté du Scorff. Le convoi en effet s’avérait trop lourd. D’ailleurs, le 7/11/53, Jean Maurice, nouvellement élu a exposé devant le conseil municipal « l’état déplorable devant lequel se trouve le vieux pont, conséquence d’une circulation sans cesse accrue, il y a danger. Il demande aux pouvoirs publics d’agir de toute urgence afin qu’il n’y ait pas d’accident grave ». Les travaux, commencés en 1955, seront programmés en 2 parties avec circulation alternée pour permettre le passage des voitures. En
1960, il est achevé.
Avec une portée de Une petite chansonnette sera fredonnée : Le pont Saint Christophe …est terminé…On peut passer dessus…sans s’arrêter…Ah...hi…ah…oh……oh.oh.oh Lors de la démolition du vieux pont, on découvrira dans un pilon, deux médailles en bronze et trois pièces en argent, souvenirs de l’inauguration au XIXème, comme c’était la coutume lors de la mise en service d’un ouvrage d’art. A la fin des années 70 la construction de la voie express et celle du pont du Sac’h-Quéven ont rendu plus pratique la traversée de l’agglomération et la mise en service du prochain pont urbain permettra un accessibilité plus facile du centre-ville lorientais par l’utilisation des transports en commun. Bibliographie : Lorient : Au-delà des remparts ; U.T.L. Images et mémoire de Lanester : A.et L.Leclère 1999 Lorient Histoire d’une ville : Y. Lucas ; Editions Palantines 1997 Histoire de la fondation de Lorient : F. Jégou Archives du conseil municipal, Mairie de Lanester
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