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Toponymie descriptive
Histoire de Plumergat

Gilbert Baudry

 

 

Le sous-sol et le sol      Le relief      Les hauteurs

(Rappelons que le 1er nom souligné est celui de la carte IGN).

Les noms de lieux d’origine restituent son visage à la paroisse primitive, car l’homme a emprunté au paysage ou à la vie sociale les caractéristiques qui rendaient les mots immédiatement compréhensibles et les lieux repérables.

L’ensemble de cette catégorie de noms de lieux constitue la toponymie descriptive.

 

Le sous-sol et le sol.

Lann Rohalque : les matrices cadastrales donnent en 1832 Lann Roaheque « lande rocheuse ». Tout le site est riche en roches granitiques : Roc’h. Roc’hell est un doublet de Roc’heg. Les archives des Religieux Carmes de Sainte Anne donnent au XIVe siècle Lann Roch : « la lande du rocher » - lequel pourrait être le menhir en place - au dessus du Stal.

Kerroc’h domine, à l’autre extrémité de Plumergat, la rivière le Loc’h et la carrière de granit ; appelé ainsi depuis que le lieu est habité, avant il était dit Lann Roch.

Rohu vient aussi du moyen breton roch, emprunté au latin rocca = « roc » ; de même que Rohello en Baden dont les seigneurs de ce nom affichaient les armoiries à N.D.de Gornevec. Rohiou au Faouët ; Rohu à Lanester.

Grého : Graho en 1674 ; Grazo puis le Grazic, 1428.

Grayo en St Nolff, mais Grasriou en 1514.

Graz a le sens de « colline rocheuse » ou de « grée » = formée de « graviers ». Un Ker er megrée a disparu après le XVIe siècle.

Grazo, à cheval sur deux communes, culmine à hauteur du clocher de la basilique de Ste Anne d’Auray.

Ravinet dont un Parc Ravinet er grien, (Matrices cad. 1832) où grien viendrait de krin = « terrain pierreux » (laissé aux moutons).

Ranquiniec (1757), Ranquinet en 1683, tous deux formés de ran = « parcelle », et de quin dérivé de kein « dos, échine », qui, appliqué au paysage, correspond à « crête ».

Le relief 

L’altitude moyenne est peu élevée, mais la succession des bosses et des creux est une des caractéristiques du pays. Marécages et étangs occupent les dépressions sans traverser le granit et l’argile imperméables, les hauteurs obligent les cours d’eau à les contourner ; dans le passé, faute de drainages et d’écoulements suffisants, ces traits étaient accentués.

Les hauteurs … souvent très relatives.

L’abondance des termes qui les désignent est significative du choix des habitations. Bré du v. br. bren « colline », Graz « colline rocheuse », Koguen « la butte », Lein, leign, len « sommet », Mené, mané « hauteur, pente de la montagne », ros « coteau », Uhel du v. br. et du gallois uchel : « haut »…

Bléfort : Beaufort en 1513, Breaffort au XIVe siècle comme Breafort en Baden. Breaffort à Plumergat vient de Aforz, emprunté au vieux français « aforce », ayant le sens de « violent, fortifié ». Un « retranchement élevé», francisé en « beau fort » avec maintien approché du sens.

Bocéno est aussi emprunté au français « bosse », fixé en breton du Vannetais dans bossenn ; Cabocen en Melrand. Une bosse subsiste à l’emplacement d’une chapelle disparue, sans doute dépendante de Bojuste.

Bréarec : Bré = « mont » succède au gaulois briga. Breharrec en 1644, où h a valeur de K qui donne Karr =« charrette ». Une graphie de 1683 Brehavec suggère une autre explication : de hanvec « pâturage l’été ».

Kercoquin : Coquin avait le sens de « mendiant, gueux » aux XIe - XIIIe siècles ; il apparaît tardivement en 1756 et 1832, sans doute par erreur phonique et graphique, à la place de Koguen « butte ». Les graphies sont variées dans les actes anciens :

Kergucu 1662-1782, Kerguicu 1772, mais le plus constant est Kercucu de 1573 à 1793. Jean-marie Plonéis, dans la Toponymie celtique, cite des lieux de même étymologie en Corse, Angleterre, dans le Lot et le Gard, et voit dans Kukk et son dérivé kok, une racine pré-indo-européenne.

Bien que l’emprunt d’un mot à une langue n’implique pas la présence de ceux qui la parlent, la remarque n’en est pas moins intéressante dans des lieux où les vestiges mégalithiques sont proches, dans une commune où les stèles basses de l’âge du fer sont encore nombreuses, les uns et les autres témoignant d’une occupation humaine plusieurs fois millénaire.

Kerscrap : de krap « flanc, escarpe » venu du v. br. et du gallois crap. A rapprocher de Kerscap en Plescop.

Laymer, précédé par Leymer, Lainmer, Lenmer 1427, où mer veut dire « grand » ; « le grand village sur la hauteur ». Son vis à vis Lenignan, déformation moderne de Leignelan, « le sommet de la butte », toujours aussi bien nommé. Laymer reste remarquable par la convergence des chemins.

Lein-er-lann, près de Mériadec, « le sommet du landier ». Lein vient du v. br. Blein « faîte, sommet »

Legnopir Lenoper, Leincautper en 1412 correspondait au nom du village, au pied d’un versant où poussaient les « poiriers sauvages », signification de cautper issu de kalper.

Lenones Lenanes Cad. 1832, Lainonnes 1679, où onn est « le frêne », dont le lieu était particulièrement fourni.

Nes est en v. br. « proche, plus près », donc le village « du haut près des frênes ».

Mané Mevat : plus curieux pour ses caractéristiques anciennes que par sa cinquantaine de mètres d’altitude.

Manémesvat en 1680, où vat=mad= « bon » ; mes a le sens de « glands » et maes en v.br. et gallois celui de « champ ouvert », « non clos », le premier ayant pu précéder l’autre en fonction de la déforestation puis de l’organisation agricole.

Manéglaz (ou Ménéglaz) : « hauteur verdoyante » plutôt que village, dont les toitures auraient été « d’ardoise » = men glaz. Un des mots les plus stables, Cosmeneglas en 1509, Menesglas en 1390.

 

Merleign (Merlin) graphie aventureuse sur la carte IGN, mais en partie exacte. Meslin en 1524, Meslain en 1477, mêmes interprétations que celles avancées pour Manemesvat. Tous ces toponymes sont relevés dans les archives des Religieux Carmes de Sainte Anne.

Mêlain en 1785 montre avec l’accent circonflexe l’évolution de l’écriture.

Moten : du vieux français « motte » adopté en breton avec Mouden en toponymie : « tertre, élévation, monticule ». Variantes : Vouden, Er Votenn Vraz (Braz) « la grande motte ».

Richuel : Rescuel en 1638. Nous reviendrons sur les Ris et Res, Reste.

Ric ou Ris est ici « rebord », élevé selon le qualificatif huel, un plateau, plus nettement discernable sur la terre du même nom vers le Rohu.

Toul Meleign : Toul est « trouée, percée » dans les hauteurs ; en bordure de la voie Plumergat-Locminé, il peut être pris dans un sens figuré « ouverture vers ». Voir Groez Toul à Pluneret. Il n’apparaît qu’après 1832 et peut avoir remplacé Meneglesquen, 1638, non situé.