C’est la rentrée et le plaisir de se retrouver
toujours place Glotin après l’été. Ce matin, le rendez-vous est à
9H non à 8H, c'est-à-dire à 8H qui en font 9 ! Bref, nous
étions tous là et à 8H. ! Il fait assez beau, la route est
libre, et nous arrivons à Louargat, notre premier arrêt, devant
une église qui s’appelle ND des Neiges et pourtant le soleil
brille ! C’est là que nous faisons la connaissance de Marc
Ferron qui sera notre guide pour la journée. Mais… quel est ce léger
accent qu’a ce monsieur ? Serait-ce l’accent breton de cette
région ? Mr Ferron s’en explique très vite et c’est ainsi que
nous apprenons que cet accent serait celui acquis à Jersey, là où il
vécut jusqu’alors ! Oh my God ! Voila, il nous explique, sa
maman est de Belle-Isle et un jour où elle vendait ses oignons sur un
quai du port de St Hélier elle rencontra un jeune homme qui devint le
papa de Marc ! il s’en excuse mais nous le rassurons !!!
Nous
repartons, direction, le menhir de Pergat, c’est le quatrième
plus haut d’Europe, 10 m30; il a été tagué l’an dernier !
Sur la gauche, un autre menhir, plus petit comporte une entaille
profonde en son milieu, peut-être un polissoir pour les épées des
chevaliers ! Déjà, nous les devinons dans un rayon de soleil,
mais les plus cartésiens nous ramènent à la réalité, non non, peu
plausible ! Dommage !
Du car, sur les hauteurs du Ménez Bré (320m) nous
devinons une chapelle dédiée à St Hervé ce saint qui naquit aveugle
parce que sa mère, une princesse, ne voulait pas qu’il puisse voir
les horreurs du monde ! Il est vrai que notre société n’existait
pas !
Nous arrivons à Locmaria, petit village aux rues
étroites où se trouve la chapelle de Notre Dame de Pendreo, le nom
breton, qui en français signifie ND de la coqueluche ou mieux dit
contre la coqueluche, en témoigne le visage tout rouge du bébé
atteint de la maladie, représenté dans un des vitraux. Mais avant d’entrer,
notre guide nous fait visiter le cimetière qui entoure la chapelle.
Devant nous un ossuaire, dirait-on, c’est en réalité la sépulture
de Lady Mond, avec laquelle nous ferons plus ample connaissance sans
tarder. Nous y voyons la tombe de Maurice Noguès, pilote breton né à
Rennes (1889- 1934) qui servit dans une escadrille pendant la 1ère
guerre mondiale et qui, en 1922, réalisa la 1ère liaison
commerciale Bucarest- Constantinople- Ankara et en 1931, inaugura le 1er
service postal France- Indochine. Sur sa tombe, des plaques rappellent
son passé d’aviateur telles que : « les vieilles tiges à
leur camarade » ou encore « le personnel de la Cie
Air-France ». Entrant dans la chapelle, nous découvrons un très
beau jubé, classé MH en 1911 et restauré depuis peu, il représente
les 12 apôtres chacun avec son attribut : par exemple St Thomas et
son équerre, St André et sa croix etc…Les vitraux modernes et
lumineux sont de HM Magne, réalisés par les ateliers Léglise de
Paris.
Une
promenade nous conduit à la fontaine de ND de Pendréo que nous
atteindrons après avoir monté environ100marches. Certains les ont
comptées mais…Comme c’est curieux de monter pour aller voir une
source !
Nous reprenons le car pour rejoindre Belle-Isle en
Terre, Benach en breton, beaucoup de boutiques portent des noms en cette
langue et la population britannique est en forte augmentation, nous fait
remarquer notre guide. Nous nous arrêtons devant le Centre régional d’initiation
à la rivière, installé dans ce qui fut la résidence de Lady Mond.
Cette dame n’était pas anglaise mais bretonne elle s’appelait
Marie-Louise Manach (1869-1949) fille d’un meunier de Prat-Gueguen, ce
qui lui valut le surnom de « Belle meunière ». Elle
« monta » à Paris à l’occasion des obsèques de Victor
Hugo avec les propriétaires du moulin de son père. Elle quitte son
village pour aller travailler à St Brieuc à l’hôtel de la Croix
Rouge et très vite, elle quitte la Bretagne pour s’installer dans la
capitale où elle est d’abord fleuriste puis elle fréquente les
milieux d’artistes, mais « n’te promène donc pas toute
nue » aurait dû lui dire Feydeau qui devait écrire sa pièce ou
n’allait pas tarder à le faire…Elle n’eut pas ce conseil donc
elle passa 2 mois en prison pour outrages !!!Elle épouse un
Guggenheim qui s’éteint à Londres la laissant seule. C’est dans
cette ville qu’elle rencontre l’Infant d’Espagne. De1900 à 1906
elle partagera sa vie et sera même reçue par le Pape Pie X. En1910,
elle fera la connaissance de Robert Mond, le « Roi du
nickel »qu’elle épousera le 06 12 1922. Sa vie se partagera
dorénavant entre Londres, Paris, Dinard et Belle-Isle, son village
natal où son mari décèdera en 1938. Elle s’intéresse à la culture
bretonne : langue et coutumes et sera à l’initiative de la
création du Gorsedd qui fait revivre la lutte et les sports
athlétiques bretons. Elle refusera aussi l’occupation de son château
par les troupes allemandes et pour cela, sera incarcérée 2 mois à la
prison de Guingamp.
Après avoir vu le château et le parc, nous faisons un
petit tour dans le centre du bourg, nous voyons l’église actuelle et l’ancienne
église, aujourd’hui désaffectée et qui a servi de halles, sur la
place, notre guide nous montre la crêperie de Jeanne Kergroës devenue
célèbre pour avoir appris aux japonais à faire les crêpes à la mode,
à la mode…de chez nous !
Nous avons faim…Le restaurant Relais de l’Argoët
nous accueille. Au menu :
Fondant de saucisse, pousses de
poireaux, |
Cuisse de canard confite, sauce
tandori, miel et agrumes |
Poire pochée, sauce caramel,
glace vanille |
…Le repas fut délicieux !
Tout le monde est ravi, c’est reparti, car nous avons
encore beaucoup de choses à découvrir !
Nous reprenons le car et notre guide nous suggère,
pour ceux qui le souhaiteraient, une promenade digestive !!! …La
forêt de Coat an Noz nous accueille et au bout du sentier nous
découvrons le château du même nom qui fut la propriété de Lady Mond
avant qu’elle ne fasse construire la réplique au centre de Belle-Isle
en Terre. Ce château fut racheté par Robert Mond en 1929 à la famille
de Sesmaisons.
Maintenant, il nous reste à découvrir la plus petite
commune du département (3 km2, 75 habitants) mais pas la
moins jolie : Loc-Envel. La commune se situe à l’orée des forêts
de Coat an Noz et Coat an Nay. Elle doit son nom aux frères jumeaux qui
se nommaient tous deux Envel, ils étaient venus de Grande-Bretagne au VIème
siècle avec leur sœur Youna. Ils avaient établi leur ermitage sur les
deux rives de la rivière le Guic et avaient fait vœu de ne jamais la
franchir, les frères d’un côté, la sœur de l’autre, le tintement
de la cloche leur servait d’intermédiaire ! Mais après les pluies
d’orage, les eaux faisaient tant de bruit qu’ils ne s’entendaient
plus. Alors Envel dit à la rivière : « tais-toi que j’entende
la clochette de ma soeurette » et depuis le Guic roule sans bruit
sur son lit de cailloux !
L’église
du XVIème siècle de style gothique flamboyant est
remarquable, en forme de croix latine. Autour, le cimetière existe
toujours, y sont inhumés les Faucigny-Lucinge, Coligny, Sesmaisons
apparentés à la famille de Mme Giscard d’Estaing. A droite du porche d’entrée,
on voit 3 fenêtres, c’est de là que les lépreux avaient l’autorisation
de suivre les cérémonies religieuses. Les pierres de crossette et la
base des rampants sont sculptés d’animaux, des singes nous font des
risettes !Entrons dans l’église ! C’est une merveille, le
jubé, les statues, les sablières et clés de voûte en bois polychrome
sont d’une grande beauté. Le vitrail central de1540 raconte la légende
de St Envel. Au fond de l’église, l’horloge porte la date de 1777.
La lumière décline et nous avons encore une visite,
ce sera la dernière, nous partons pour Gurunhuel qui se traduirait par
le « tonnerre d’en haut », là, le calvaire se dresse
au milieu du cimetière, il date de 1594. Le vent, les pluies l’ont
quelque peu endommagé, les larrons que la douleur torture sont
particulièrement impressionnants, leurs âmes quittent leurs corps, un
ange prend celle du bon larron tandis que le diable s’en va avec celle
du mauvais. St Michel terrasse le dragon, la vierge recueille le corps de
son fils, tous les éléments sont présents pour l’éducation de nos
ancêtres qui ne savaient pas lire. |