. .. .. LA VIE DES CARMES D'HENNEBONT EN 1588 .. Aude Dhailly SAHPL . .. HENNEBONT – La Ville-Close vers 1600, par Heudier (doc. Musée des Tours du Bro-Erec) A partir des comptes tenus en 1588 par les Carmes d'Hennebont, peut-on connaître leur vie quotidienne ? Ceux-ci apportent des éléments sur les évènements, les travaux, l'alimentation car ils sont quantifiés avec des coûts notifiés au jour le jour. La vie lithurgiqueliturgique n'y apparaît pas mais la vie des moines est rythmée par le comput grégorien. Historique
Commençons tout d'abord par faire une mise au point historique. Les Carmes, ordre religieux originaire du Mont Carmel en Palestine, est introduit en Europe par Saint Louis en 1238. Il ne subsiste aucune trace de l'acte primitif de la fondation des Carmes d'Hennebont, mais en 1386, le vicomte de Rohan donna des pierres et des bois pour aider à l'édification du monastère primitif qui avait le même plan que celui de Ploërmel: « un cloître carré, entouré d'édifices sur trois côtés et d'une église rectangulaire au midi » (voir le plan) Le fondateur est le duc de Bretagne, Jean IV, comme il rappelle le fait dans une charte de 1394: « ….considérant que en nostre d. ville avoit une chapelle nommée et appellée la chapelle de Saint-Yves, sise en nostre propre héritaige; ayant esgard ès choses dessus dites et plusieurs autres, par l'advisement de nous et de nostre conseil, nous ayons voulu et octoyé par nos autres lettres que enlad. place et lieu remegnant l'édifice qui y est en son estat, et sauf à croistre, changer et amander, soit perpétuellement et sans rappeau, pour fonder, et de fait fondames un collège des Frères de l'ordre Nostre-Dame du Carmel, et que en iceluy lieu ils pussent dès lors habiter, user et exploiter, en édifiant led. lieu et les appartenances en nostre propre héritaige, et que ils et leurs successeurs en pussent user et jouir, et le leur avons amortifié perpétuellement, pour nous et nos successeurs, selon qu'il est contenu et fait mention en nos dites lettres... » (Jean Marie Le Mené : « Carmes d'Hennebont » dans Bulletin de la Société polymathique du Morbihan) Les Carmes eurent de nombreux donateurs, outre le duc de Bretagne, le vicomte de Rohan, Henry Le Parisy et de nombreux particuliers. Au XVèXVe siècle, les Carmes reçurent quelques donations de terres en Plouhinec et en Quéven. Noble écuyer François du Pou, sieur de Kernivinen en Bubry, offrit un tableau « mit sur le grand aultier du chœur ». Juhel, sieur de Kerampou et sa femme Jeanne de Kerlémon donnèrent trois logis de la rue Neuve à Hennebont ainsi qu'un terrain dans la même rue. Dom Vincent Roulaye donna une tenue située à Locunolé en Kervignac. D'autres donateurs firent des dons sous forme de rentes pour des messes. Les religieux
Selon Joseph Marie Le Mené, après le Père Nicolas Chaumier qui fut prieur en 1581 et qui fit de nombreuses réparations dans le couvent qu'il trouva « en très piteux et déplorable estat », fut nommé en 1587 le Père Rogon qui restera jusqu'en 1590, date à laquelle il y avait au couvent une dizaine de moines : « Outre le prieur, un sous-prieur, le père Prégent, le père André, le père Christophe, le père Jean Boulle, le père dépensier, le père Henry,le Frère Mébon et un novice, soit dix personnes »
Le 18 mai 1588 les comptes indiquent qu’« il y avait 7 absents et ny avait que 5 prêtres religieux au couvent pour lors Frères Guillaume et Jacques absents », ce qui permet d'estimer un effectif d’une douzaine de moines au couvent. Frère Guillaume, mentionné le 5 mars, avait quitté le couvent « pour les affaires de sa maison ». Il en est de même pour Frère Christophe qui a reçu le 10 mars une pinte de vin pour ses « despences en chemin » ainsi que pour Frère Jacques qui a été récompensé des frais qu'il fit à réparer la chambre basse. Le 2 janvier, un pot de vin est offert à Maistre Rembard, provincial, pour son départ du couvent où il avait sa propre chambre.
Plan de la ville d'Hennebont Les évènements. Quels sont les évènements qui ont marqué la vie des Carmes pendant cette année 1588 ? Tout d'abord un coup de vent s'est abattu sur le couvent en début d'année car le 18 janvier 1588 il a fallu « relever un pan de muraille du jardin abbatue par le vent » et début avril la « couverture du couvent » a été réparée, suite peut être à un autre coup de vent. Le 14 février, un « grand tumulte de peuple » eut lieu au couvent qui vit ses « portes rompues ». Le supérieur est allé lui-même chercher les « messieurs de la justice qui étaient absents à cause de la peste qui règnait en ville » (15 sols « baillées » au supérieur). Le barbier reçut 20 sols pour avoir soigné Frère Charles de la Teste mais celui-ci mourut 2 jours après. Il y eut aussi Frère Rageais qui fut blessé à coups d'arquebuse. Des dépences de bouche (15 sols) furent payées au supérieur pour une fête hors du couvent en même temps que le tumulte. Ce tumulte semble faire partie des troubles qui ont précédé la Ligue en Bretagne. Nous venons de voir que la peste sévissait le jour du tumulte mais aussi les jours suivants: le 23 février, « il n'y avait qu'un pain de froment au grenier que le boulanger ne voulait prendre à cause de la peste qui estait au couvent », le 5 avril « despense faite à cause de la peste survenue au couvent (3 livres 5s)» et le 30 mai « pour maistre Estienne lapoticaire pour les médecines drogues quil a fournies au couvent durant que la peste y estait cette présente année (88 livres 10s) ». Les moines ont dû faire appel à l'hôpital car le 30 juillet il fut versé 1 sol au « questeur de l'hospital de saint Men ». Il s'agit vraisemblablement de l'hôpital Saint-Méen le Grand qui recevait au XVIè siècle des malades de toute la France
Déplacements des moines
Les moines, et notamment le prieur, ne sont pas restés confinés dans leur cloître mais se sont souvent absentés. Par ailleurs, ils observaient un certain silence et se livraient au jeûne et à la prière. Ainsi, le prieur quitte fréquemment le couvent, tout d'abord au mois de mars où il s'absente deux fois, puis au mois d'avril où il a reconduit M.de Léon. Le 4 août il revient de Rennes avec Me Claude de Nazaret, lequel repart le 8 août après avoir passé quelques jours au couvent, ce qui montre le côté hospitalier des Carmes. Le 26 août, le prieur part pour Vannes. M. le provincial, déjà venu en début d'année, est attendu le 21 septembre pour repartir le 4 octobre. Une chambre lui est d'ailleurs personnellement attribuée. Le 23 octobre, le prieur arrive au couvent avec celui de Nantes. Les autres moines sortent aussi du couvent. Ainsi, le 24 janvier, un moine dont le nom n'est pas précisé est allé à Blavet chercher de la morue sans en trouver. Le 10 mars, une pinte de vin a été « baillé audit Frère Christophe pour ses despenses en chemin ». Le 17 mai Frère Jacques est allé à Pont-L'Abbé. Le lendemain, le même Frère est encore absent ainsi que Frère Guillaume. Le 3 septembre, un pot de vin est servi « aux religieux qui s'en allaient à la queste de bled ». Pour se déplacer, les Carmes avaient un « cheval de service » comme on dirait aujourd'hui. En effet, Jehan a acheté en octobre 30 livres un cheval pour la communauté ainsi qu'une croupière (10 sols 6 deniers) et 2 fers à cheval (6 sols) mais le 21 octobre des maréchaux ont perçu 3 livres pour avoir « pansé de forbir » le cheval. Autrement dit, ils ont soigné un cheval atteint de boiterie (fourbure) puis le 2 novembre Jehan a acheté 46 livres un autre cheval sellé. Si les Carmes avaient des visiteurs, ils leur arrivaient d'être invités: le 20 mars, « le vicaire de N(ost)re Dame publia un monitoire de la part du couvent et pour cette occasion les invite à dîner ». Ce moratoire faisait vraisemblablement suite aux émeutes de février afin d'en connaître les meneurs. Festivités Les Carmes ne vivaient pas que dans la prière: ils avaient aussi des moments de festivité, certes liés aux fêtes religieuses. Pour l'Épiphanie, un gâteau a été servi à leurs voisines les religieuses de l'Abbaye de la Joie. Lors des récréations des 2 février (Chandeleur) et 25 février (Saint Mathias) 3 pintes de vin pour l'une et 2 pots de vin pour l'autre ont été achetés. Pour la fête de l'Annonciation du 25 mars, ce sont 2 pots de vin de Gascogne qui ont été achetés et à la Pentecôte ils ont même joué aux quilles dans le jardin (il a fallu débourser 5 sols pour les quilles et 3 sols 6 deniers pour la façon de 4 pilets) Les moines offraient parfois la collation et comme l'indique Jean-Anthelme Brillat Savarin dans « Physiologie du goût » en 1825: « Vers 8 heures, on trouvait, non un bon souper, mais la collation, mot venu du mot cloître, parce que, vers la fin du jour, les moines s'assemblaient pour faire des conférences sur les Pères de l'Eglise, après quoi on leur permettait un verre de vin » Ainsi furent servies au jardin une pinte de vin de Gascogne à M. de Quiris le 28 mars et une pinte de vin (sans doute le même vin puisqu'elles ont coûté chacun 5 sols) à M.de Pollemein le 27 avril. Madame l'Abbesse de la Joie (il s'agit de Catherine de Carné, élue le 25 juin 1579 et morte d'apoplexie le 22 juin 1589) était souvent invitée à la collation où elle reçut le 22 juin une pinte de vin et deux pains blancs et le 17 juillet de la confiture. D'après Jean-Anthelme Brillat Savarin : « A la collation, on ne pouvait servir ni beurre, ni œufs, ni rien de ce qui avait eu vie. Il fallait donc se contenter de salade, de confitures, de fruits; Mets, hélas, bien peu consistants... ». Le soir du 16 juillet elle dîna même au couvent où une pinte de vin blanc lui fut offertofferte. Le 22 juillet les « demoiselles de l'Abbaye » furent elles aussi invitées à la collation où une pinte vin fut servie.
Travaux de réparation et d'entretien Durant cette année 1588, de nombreux travaux eurent lieu au couvent mais on ne peut clairement en attribuer la cause au vent ou au tumulte. Les Carmes ont vraisemblablement saisi l'occasion pour tout remettre à neuf. Au début du mois de janvier, un pan de la muraille du couvent a été réparé et à la mi-mai un maçon a passé 5 cinq journées à réparer les murailles en plusieurs endroits. La venelle qui va à la portière a été nettoyée fin avril par des ouvriers qui ont reçu en paiement 4 quatre douzaines d'œufs et 11 onze journées d'homme ont coûté 33 sols. Les allées du cloître ont été « redressées »en 5 cinq journées car elles étaient « rompues ». Et pour ce faire, « madame l'abbesse de la Joye » a permis à un forestier d'enlever « quelques chartées de pierres » (10 sols) qu’il a fallu trier (10 sols) et charroyer (20 sols). Les comptes du 2 avril sont intéressants car ils donnent en détail les dépenses pour la réparation de la couverture du couvent, à savoir : « - pour 31 journées de maistre couvreur à deux réales pour chacune journée pour tous despense - pour 17 journées d'un des enfant du maistre couvreur à 6 sols pour chaque journée - pour 17 journées d'un autre enfans dudit maistre couvreur à 5 sols par jour (4 livres 5s) - 13 minots de chaulx à 6 sols pour chacun minot - 3 autres minots de chaulx à 7 sols le minot - 1 milier et demie de cloux à latte (21s 6d) - 2 chevrons (12s) - 3 miliers de chevilles (15s) ». Le 7 octobre 1588 d'autres travaux de toiture ont été nécessaires et ont coûté: « -6 jours de maistre couvreur pour tout dépense (3 livres) -1 autre serviteur audit couvreur à 8 sols par jour -1 autre serviteur audit couvreur à 5 sols par jour -1 mille de clou (18s) -1 livre de chandelle (5s) -½ cent de latte (6s) -1 cent d'ardoise (6s) -6 minots de chaulx (30s) » La cloche a aussi été réparée: « 4 grands cloux pour racoustrer et resparer la campanée » (4s). Le tumulte a aussi fait quelques dégatsdégâts à l'intérieur du couvent, notamment les portes, les meubles et les serrures qui ont dues dû être forcées, et peut-être que les moines en ont profité pour tout remettre à neuf. Travaux de menuiserie et de serrurerie L'énumération des différents travaux apportent quelques éléments sur les différentes pièces composant le couvent. Nous y voyons que « maître provincial » et le prieur avaient leur chambre personnelle. Les comptes mentionnent « nostre chambre » mais aussi un dortoir, ce qui sous-entend que des moines dormaient séparément des autres moines. Une salle où devait se dérouler la vie communautaire a subi de nombreux dégatsdégâts puisque 8 huit journées de réparation ont été nécessaires pour remettre en état les grands bancs à 5 sols la journée, soit 40 sols. Une armoire a reçu une serrure avec clé et bandes et une autre avec verrou et clé, le tout pour 18 sols. Ce sont surtout les portes et les serrures qui ont souffert: une porte « rompue » a été remplacée par une porte neuve (5 sols) avec serrure et clé neuve (10 sols), la porte qui va du cloître en la cour arrière a eu sa serrure et verrou réparés pour 3 sols. Il a fallu aussi fabriquer une porte neuve pour celle du dortoir avec clé et verrou. D'autres serrures ont souffert: celle de la porte de la chambre du provincial, un coffre dans « nostre chambre » a reçue une serrure neuve avec clé (12 sols), une serrure et 4 cornières de fil pour la réparation de la table d'étude dans la chambre prioralle. Les comptes mentionnent les coûts des différents travaux, à savoir 13 sols pour la fabrication d'une serrure neuve et la réparation d'une porte, 3 trois jours à 2 réales par jour soit 30 sols pour une porte neuve et la réparation d'une table d'étude. Un menuisier fut au couvent 3 trois jours pour faire un châlit (30 sols + 2 sols pour les clous). Dépenses pour l'église Une chaire en chêne y a été installée pour 8 sols 6 deniers. Huit couturiers sont restés 9 neufjours au couvent pour réparer tous les ornements de l'église, les tapisseries du chœur et les couettes des chambres (soit 40 sols), 2 deux aulnes de bougran rouge pour redoubler et border les chappes et autres ornements (soit 20 sols), 2 deux aulnes de grosse toile pour border lesdites tapisseries du chœur parce que l'autre bordure était toute rompue et pourrie (soit 18 sols). Des clous pour attacher lesdites tapisseries ont coûté 11 sols et le fil que ledit couturier a employé tant pour les ornements de l'église que pour lesdites tapisseries et couettes a couté coûté 18 sols). L'entretien des chandeliers a nécessité la soudure d'un chandelier (5 sols). Le nettoyage de l'église est confié à une femme, et c'est aussi une femme qui est chargée de la fabrication des chandelles et des cierges (6 sols pour une chandelle et 2 sols 6 deniers pour un cierge béni). Outre l'église, un autre édifice religieux existait (la chapelle du Sacre) pour lequel des petits cloux et épingles ont été achetés pour tendre une tapisserie (4 sols). Pour la Fête Dieu des glaïeuls (4 sols) ont complété la décoration de l'église. La couture Le jeudi 7 avril, jour de la Foire d’Hennebont, le prieur va lui-même acheter du « couettis » (3 livres) pour la confection d'une couette par un couturier qui a perçu 7 sols la journée pour coudre ladite couette et pour le fil. Les rideaux de la chambre et la ficelle de la poulie ont coûté 3 sols. Le 30 avril, Hervé le couturier a reçu 6 sols pour les 2 deux journées qu'il a passé au couvent à coudre deux couettes et « racoustrer » d'autres couettes et linges d'église et 3 sols 6 deniers pour le fil. Huit couturiers ont passé 9 neuf journées à remettre à neuf tous les ornements de l'église, les tapisseries ainsi que les couettes des chambres (27 sols). Comme fournitures, ils ont utilisé « 2 aulnes de bougran rouge » pour les doublures et les bordures des chappes et autres ornements (20 sols), « 2 aulnes de grosse toile » pour les bordures des tapisseries du chœur « parce que l'autre bordure était toute rompue et pourrie » (18 sols). La lessive Pour aider les Carmes à faire la lessive une femme venait régulièrement au couvent (une à deux fois par mois d'avril à octobre). Fin mars, du savon a été acheté pour blanchir une aube (2 sols). Début décembre, la grande lessive appelée « buée » nécessitait 2 deux femmes pendant 4 quatre journées. La rémunération était de 2 sols, 2 sols 6 deniers ou 3 sols par jour. En guise de savon, elles utilisaient de la cendre (2 sols 6 deniers ou 3 sols). Le ménage Les balais s'achetaient assez souvent par demi-douzaine (1 sol). En août, les cloîtres furent blanchis et réparés par 2 deux maîtres blanchisseurs dont voici le détail :
- « 49 journées de 2 maistres blanchisseurs à raison de 2 réales par jour pour tous despens » - « 32 journées d'un compagnon blanchisseur à 8 sols par jour » - « 21 journées d'un homme qui servait ausdits blanchisseurs à 6 sols par jour» - « 10 minots de chaulx de pierre à 17 sols ½ le minot » - « 31 minots de chaultx dhuistre à 1 réale chacun minot » - « 3 journées d'un chartier ui a amené de la terre pour la même besoigne 7 livres 15 sols » - « 1 journée d'homme qui a acheté ladite terre pour tous despens 3 livres » - « 2 jattes de bois pour servir ausdits blanchisseurs 5 sols » - « 5 livres de craye noire pour peindre les bois et soliveaux de la gallerie 4 sols » Après leur travail, les blanchisseurs avaient laissé plein d'ordures et il a fallu 5 cinq journées à un homme pour nettoyer à raison de 6 sols la journée.
Au mois de septembre, pour blanchir le dortoir, il a fallu 20 vingt journées de maistres blanchisseurs, 6 six journées de compagnon blanchisseur et 8 huit journées à un serviteur. Comme matériaux, « 30 minots de chaulx », « 1 pinte dhuile pour destremper les couleurs » et « 4 livres de pierre noire à 5 sols par livre » ont été utilisés. L'éclairage L'éclairage était assuré par des chandelles de suif que les Carmes achetaient par livre (5 sols) à partir du mois d'août jusqu'à la fin de l'année, notamment au mois de novembre. Fin novembre, ils ont acheté 34 livres de suif à 4sols 6 deniers livre ainsi que du fil (5 sols) pour la fabrication de chandelle et le 30 décembre 8 sols ont été dépensés pour une mèche de chandelle et pour la façon. C'est une femme qui était chargée de la façon pour 6 sols mais la façon d'un cierge béni n'a coûté que 2 sols 6 deniers. La façon de 4 pilets pour la fête de la pentecôte a coûté 3 sols 6 deniers et plus tard pour 6 pilets (10 sols). Un chandelier de cuivre coûtait 55 sols. Pour éteindre les chandelles, les moines utilisaient des mouchettes qui valaient 2 sols la paire. Le chauffage Le chauffage était assuré individuellement par des chaufferettes (5 ou 6 sols les deux), mais aussi par du bois de chauffage: 16 meulons (88 livres 10 sols) coupés et logés en la « bucherie » ont nécessité 16 journées d'homme (48 sols). Le jardinage Tout commence en mars par l'entretien des outils (réparation d'une pelle et d'une cognée pour 4 sols 6 deniers), le balayage dura 27 vingt sept jours à 2 sols 6 deniers la journée, en avril l'achat des graines dont des pois pour semer au jardin, « 5 journées d'hommes qui ont redressé les allées du cloître » (sans doute malmenées par le tumulte). Le 25 avril, les moines ont fait entrer 2 deux charretées de Ramée (36 sols). Le mois de juin est un mois d'effervescence puisqu'il a fallu « 12 journées d'homme qui ont paré, sarclé, semé les pois et mis le jardin en bon état », « 7 journées d'homme qui a dressé et nettoyé le petit jardin », « 1 journalier pour 6 journées qu'il a aidé au jardinier pour achever et nettoyer le petit jardin et le grand » et « 2 pauvres gens qui avait sarclé le jardin du cloître et au grand jardin ». Un nommé François Pilorget a aidé une journée le jardinier à « parfaire la tonnelle du petit jardin ». A la mi-août, un homme a passé une journée et demie à battre « les pois de serre » pour 9 sols. Le jardin du cloître a été sarclé 2 fois, par une femme début août et par deux femmes à la mi-septembre. Des travaux de nettoyage avant l'hiver ont nécessité 1 journalier pour 2 journées en octobre et 22 journées en décembre. Les Carmes ont employé un jardinier, tantôt nommé Bertrand, tantôt Guillaume payé sur gages à la mi-mai, à la mi-septembre et fin septembre (4 livres pour un mois et demie). Au couvent il y avait donc un cloître, un grand jardin et un petit jardin avec une tonnelle. Il y avait aussi un verger puisqu’un homme a « aidé à serrer des pommes » pendant une journée. Une journée de travail coûte en général 3 sols sauf pour les pauvres gens qui perçoivent 2 sols 6 deniers. Pour travailler au jardin, les moines ont acheté fin mai une « boutesoule » (15 sols) et fin juin il a fallu acheté une roue de « boutesoule » (6 sols). L'entretien des roues se faisait avec du vieux oing(1 sol 9 denier). Au mois de juillet une « pale » de fer a été achetée 20 sols. Comme autre outil, ils avaient aussi acheté un marteau et une « traille de fil », le tout pour 5 sols. Les Carmes ont fait appel à un barbier qui non seulement a fait les barbes et les couronnes à tous les religieux à la mi-avril (15 sols) grâce à 2 « pilotes » dont la façon a coûté 10 sols. C'est lui qui a pensé Frère Charles mort lors du tumulte. Le 30 mai, 30 livres ont été versées à « Maistre Estienne lapoticaire pour les médecines drogues qu'il a fournies au couvent durant que la peste y estait cette présente année ». Dépenses en nourriture Pour ce qui concerne les dépenses en nourriture, les comptes des Carmes donnent au jour le jour les denrées, les quantités et le coût mais non le menu des repas ni les recettes. On peut malgré tout avoir un aperçu des aliments consommés. Ainsi: En janvier, les vendredis et samedis, les moines se contentaient de pitance ou de pitance et gruau. Le dimanche, ils consommaient du mouton et à partir du 18 janvier du veau 2 fois par semaine jusqu'à la fin du mois. Il n'est pas mentionné d'achat de vin (un 1 tonneau de vin a été « encavé » en novembre 1587) mais 2 deux fois du pain blanc. Le jour de l'Épiphanie, du mouton et un gâteau pour les nonnes ont été achetés. En février, la pitance est achetée les vendredis et samedis, et le mouton les autres jours. Le jour du grand tumulte, les moines ont acheté une pièce de bœuf et le jour de la Saint Mathias, jeudi 25 février, du veau et une douzaine d'œufs ainsi que deux pots de vin pour la récréation. Le dernier jour de février, veille de mardi gras: deux pots et pinte de vin sont destinés pour dîner et souper. En mars, le lendemain de mardi gras fut acheté du mouton ainsi que des pruneaux et des épices pour farcir un cochon (pas de trace d'achat dudit cochon; peut-être était-il élévé par les moines?), de même que 4 pots de vin pour dîner et souper. Les moines entrent dans la période de carême (temps de pénitence, de prière et de partage avec abstention volontaire de viande et de laitage). Pendant cette période de quarante jours, ils ne se contentent que de pitance ou de pitance et gruau jusqu'au jour de Pâques, le 17 avril, où ils mangèrent de la fraise de veau. Tous les jours ils avaient du vin aux dîners et aux collations (la collation étant un repas léger que les catholiques font au lieu de souper, les jours de jeûne). Le 25 mars, jour de l'Annonciation, ils ont marqué la fête avec deux pots de vin de Gascogne pour la récréation. Parfois ils mangeaient du poisson, nourriture d'abstinence: le 13 mars, des sardines le 21 mars, du saumon et des harengs saurs le 4 avril. En avril, mai, juin: Après Pâques, il fut consommé de la viande de veau presque tous les jours sauf les vendredis et samedis où étaient servie de la pitance avec ou sans gruau. Le jeudi de l'Ascension et le dimanche de la Trinité, jours de fête, du mouton fut servi et le dimanche suivant une longe de bœuf frais et du veau. Le jeudi de la Fête Dieu du veau avec tête Pendant cette période, il n'y eu pas d'achat de vin, ni de pain sauf le 17 juin où Jehan bouteiller (c'est à dire chargé de l'intendance du vin) a acheté 2 deux pipes de vin d'Anjou. En juillet, du poisson, ou poisson et gruau, ou pitance et gruau sont achetés le vendredi et le samedi, les autres jours du mouton, 3 trois fois du veau et 2 deux fois des œufs (le mercredi). Notons l'achat d'une huile pour la salade mais pas de vin mais achat régulier de pain blanc 3trois, 4 quatre ou 5 cinq douzaines par semaine. En août, il est acheté du poisson, du gruau, de la pitance, des œufs les mercredis, vendredis ou samedis, les autres jours du mouton, et du pain blanc 4 quatre à 5 cinq douzaines par semaine mais pas de vin. En septembre, il est acheté du poisson, des œufs, du gruau les mercredis, vendredis ou samedis, du mouton les autres jours, 11 onze poulets le jeudi 22 et 4 quatre couples de poulets le 29. Le 24, il est acheté du sucre, amandes et raisins de Corinthe sans doute pour la confection d'un gâteau, 1 livre ½une livre et demie de fromage de Milan, 1 une pinte de vin d'Espagne et un pot vin blanc (le 21, il est noté que les moines attendaient M. le Provincial), le 25 une poire et le 28 un saumon. Le pain blanc est acheté toutes les semaines. En octobre, novembre et décembre, il est acheté du poisson, des œufs, du gruau les mercredis, vendredis et samedis, du mouton les autres jours, le 7 un pourceau frais, le 17 une poule,despoule, des huîtres plusieurs fois du 11 novembre à la fin de décembre, 2 deux cents de moules en novembre, une sardine le 26 novembre, et une tourte le 30 octobre. Viande Selon Patrick André, aux XVIè XVIe et XVIIè XVIIe siècles, la consommation de viande est plus importante en Bretagne que dans les autres régions de France. La viande dite douce ( le bœuf et le veau) est la viande de la classe aisée. L'approvisionnement en mouton et en veau est indiqué en demi-quartier ou en quartier. Le prix du quartier de mouton oscille entre 7 et 8 sols avec quelques hausses en février, juin et surtout mars où il culmine à 12s. Il est à signaler qu'au mois de février les moines n'ont pas hésité à acheter en grande quantité des quartiers de mouton alors qu'il était à un prix élévé (10 sols). Ils consomment aussi de la tête de veau, des abats de veau (cœur, fraise) au printemps et des tripes à l'automne. Les mois de mars et avril sont pauvres en achat de viande aussi bien en mouton qu'en veau, ceci étant dû à l'abstinence liée au Carême. Les mois de mai et juin sont pauvres en achat de mouton (viande grasse) mais riches en achat de veau. Au mois de juin et jusqu'à la mi-juillet, le prix du mouton et du veau est le même. A part l'achat d'une longe de bœuf frais (15 sols), une pièce de bœuf (33 sols) et du bœuf frais (10 sols), les moines ont acheté un bœuf qu’ils ont mis à saler. Le 10 septembre ils ont acheté une demi-vache (6 livres) et le 12 septembre sel (6 sols) pour la saler. Le 17 septembre des bouchers ont perçu 7 sols 6 deniers pour avoir tué un bœuf, et une femme 3 sols 6 deniers pour avoir lavé les tripes. Ce bœuf a dû être salé puisqu'il a été acheté le même jour deux minots de sel (17 sols 6 deniers). Le 18 novembre 4 quatre bœufs ont été achetés (10 livres) ainsi qu’une perrée et demie de sel « pour saler lesdits bœufs » (60 sols). Le bœuf et la vache n'étaient pas les seules viandes salées: il en était de même pour le porc. Ainsi un pourceau acheté à la mi-novembre 18 livres a été tué par des bouchers (6 sols). Une femme qui a fait les boudins a perçu 5 sols et un minot de sel (10 sols) a été nécessaire pour saler le pourceau. Les volailles sont peu mentionnées sauf 19 poulets en septembre et quelques poules en février, novembre et décembre. Poisson Les mois de juillet, août et septembre sont les mois de grande consommation, notamment en août et septembre où ils achetaient du poisson un jour sur deux. Le nom de l'espèce est parfois spécifié: morue, saumon, harengs saurs et sardines. En général le poisson était acheté seul le mercredi et le vendredi mais le samedi il était acheté en même temps que les œufs. Les prix varient de 3 sols 6 deniers jusqu'à 18 sols mais comme il n'est précisé ni l'espèce ni la quantité on ne peut rien en conclure. Par contre pour certains poissons, ils nous donnent quelques précisions. Ainsi pour le saumon, il coûte 4 sols en avril 1588 et 17 sols en septembre 1588, la douzaine de sardines coûte 1 sol 6 deniers en mars 1588 et 1sol en novembre 1588, 4 quatre harengs saurs coûtent 2 sols en avril 1588. Il faut noter que les grosses dépenses en poisson sont dues à la célébration de faits marquants comme 1 saumon lors du retour de M. le Prieur et 18 sols de poisson pour l'arrivée de M. le Provincial. Œufs Nous pouvons constater la grande consommation d'œufs en août, en septembre et pendant la première moitié du mois de novembre. Les œufs sont surtout achetés le vendredi (10 fois) mais aussi le mercredi, le jeudi le vendredi, ou le samedi (6 fois). Pain Le pain blanc, est généralement acheté tout fait le samedi par douzaine à un prix qui reste stable toute l'année (12 sols la douzaine). Le 23 février il est précisé que les moines ont acheté 3 douzaines de pains blancs parce que le boulanger ne voulait pas prendre la farine du grenier à cause de la peste au couvent. Contrairement aux autres mois où le pain était acheté pour la semaine, il a été acheté 20 douzaines de pains pour le mois de novembre. Notons une grande consommation de pain de la fin juin jusqu'au mois de décembre. D'après Jean-Pierre Leguay, le pain blanc était réservé au « mesnage » de l'hôtel c'est à dire au prieur, au chapelain et leurs servantes. Les tourtes semblent être faites avec du seigle comme nous pouvons le déduire d'après les prix (8, 9 ou 10 sols l'unité). Elles ont surtout été achetées en octobre (6 six tourtes). D'après Barbara K.Wheaton, les tourtes sont un élément important du repas et la croûte sert davantage de récipient que d'aliment. Pitance L'achat de pitance est souvent associé à celui du gruau. Ils ont consommé de la pitance tous les jours du carême et pas du tout en novembre et décembre Sauces D'après Barbara K.Wheaton, les sauces sont relevées et épaisses, on fait grand usage de la moutarde. Celle-ci est achetée fin janvier, en mars et début avril et coûte 6deniers.Certaines6 deniers. Certaines des sauces qui accompagnent les plats de viande ou de poisson contiennent du sucre et l'on sert couramment la viande avec des fruits ( pruneaux(pruneaux et épice pour farcir un cochon 2 sols 6 deniers). Les épices ont été principalement achetées 1 une fois en janvier, 3 trois fois en mars et 2 deux fois en avril pour un prix de 1sol à chaque fois. Une muscade a été achetée 1sol le 29 septembre 1588.Le vinaigre est un ingrédient très apprécié tant pour la cuisson des viandes que pour les sauces. Le 19 novembre 1587 les moines ont fait provision de vinaigre: 1 un baril (15 sols) et 8 huit pots à 8 sols le pot (soit 64 sols).Le 20 mars 1588 ils n'achètent qu'une chopine (2 sols) et le 12 septembre1588, 6 pots à 6 sols 8 deniers le pot (soit 40 sols). Quant à l'huile, il est précisé que c'est pour une salade (en mars et en juillet 1588) ou bien il s'agit d'huile d'olive (2sols 6 deniers en avril 1588 et 1 une bouteille 9 sols en mars 1588) et 2 deux fois de l'huile pour 1sol en avril et mai 1588. Quant au sucre, un seul achat, le 27 novembre 1587 mais en même temps que les épices (1 livre de sucre et 2 onces d’épice pour 3 livres). Jean-Pierre Leguay dans son livre «Un réseau urbain au moyen-âge: les villes du duché de Bretagne aux XIVe è et XVè XVe siècles » dit que le sucre est plutôt un produit médicinal qu'une denrée de consommation courante: son prix de revient est, en effet, trop élevé (7 sols 6 deniers la livre au XVè XVe siècle). La confiture est aussi une denrée chère que l'on sert pour grandes occasions: 1 livre à 20 sols pour la collation et cène du 14 avril 1588 et 15 sols de confiture pour la collation de Mme l'Abbesse de la Joie le 17 juillet 1588). Les moines n'ont acheté qu'une seule fois des fruits : pour 6 sols de poires le 25 septembre 1588, mais peut-être y en avait-il dans le jardin. Le 24 septembre 1588, les moines ont acheté pour 35 sols de sucre, amandes, raisins de Corinthe et une demi-livre de fromage de Milan. Le 24 septembre 1588, les moines ont acheté pour 35 sols de sucre, amandes, raisins de Corinthe et 1 ½ livre de fromage de Milan. Beurre A part 25 livres et demie achetées sans doute en dépannage en novembre 1587 et 2 deux potées de beurre contenant 33 livres en juin 1588, les moines achetaient le beurre en grande quantité : 250 livres en décembre 1587 pour 44 livres 5 sols 6 deniers et 400 livres pour 50 livres en août 1588. Sel Le 7 décembre 1587 fut acheté un boisseau de sel (41 sols), en mai 1588 1« tubcon »(2 sols), en juillet 1 quart de sel (2 sols 6 deniers). En septembre 1588 le salage d'une demi vache a nécessité 6 sols de sel. Le même mois les moines ont dépensé 7 sols 6 deniers pour 2 minots de sel, en octobre 2 sols de sel et en novembre un minot de sel à 10 sols pour saler un pourceau ainsi qu’une demi perrée et demie à 60 sols pour saler les bœufs. Vin Les moines achetaient le vin en petite quantité au fur et à mesure des besoins. Ils ont bien acheté un tonneau de vin le 25 novembre 1587 mais le 28 février 1588 il doit être vide puisqu'il est dit qu'il n'y a plus de vin à la cave. Alors jusqu'au 24 mars 1588, date de l'achat d'une pipe de vin, nous avons un état de la consommation journalière. Durant cette période le cru n'est pas précisé. D'après les prix, on peut estimer une échelle des capacités: la chopine coûte 1s 9d, la pinte 5s et le pot 7 ou 10s. Quand boit-on du vin? Sur les 24 jours, il a été bu du vin à 21 dîners, 15 collations et 5 soupers. Quelle en était la quantité? Pour le dîner du 5 mars 1588 il a été consommé 3 pintes et pour celui du 16 mars 2 deux pots, pour la collation du 5 mars 1588 5 cinq chopines. Pour les autres jours, la quantité est mentionnée à la fois pour le dîner et souper ou pour le dîner et collation. Dans le premier cas il s'agit de 2 deux pots + 1une pinte, ou 4quatre pots, ou cinq5 pots, ou 5cinq pintes. Dans le deuxième cas nous avons 3 trois pots +une 1 pinte ou bien 2deux, trois ,3 voire 4quatre pots. Nous voyons ainsi que le vin est surtout consommé au dîner. Le vin acheté par pipe semble être du vin d'Anjou comme indiqué le 17 juin 1588 (2 deux pipes pour 90 livres). Les autres achats, plus ponctuels, concernent le vin de Gascogne à 5s la pinte ou 10s le pot, le vin blanc vieilli pour le même prix,leprix, le vin d'Espagne à 8s la pinte ou 10s le pot de vin clairet. Ce vin bordelais, qui n'était pas un grand cru comme de nos jours, « était clair » (vinum clarum des textes médiévaux), peu coloré, sans doute rosé, parce que les cuvaisons, c'est à dire les fermentations, étaient courtes ». Où acheter le vin? Le 16 mars 1588 3 trois pintes de vin ont été achetées chez la pâtissière ou chez Marye Huby (peut-être est-ce la même personne) A quelles occasions buvait-on du vin? : à l'arrivée et au départ d'une personnalité (M. le Provincial ou M. le Prieur), pour un religieux qui quitte le couvent, pour les collations avec des personnalités telles que Mme l'Abbesse de la Joie ou les « demoiselles de l'abbaye » mais aussi pour des ouvriers (ceux qui ont « charroyé » le vin, pour les sonneurs). Le vin est aussi servi aux malades et notamment à ceux atteints de la peste. Pour faire la cuisine, les moines avaient à leur service un garçon de cuisine qui a reçu en fin d'année des « acoutrements » (3 livres), une chemise (12 sols) et un bas de chausse (15 sols). Quelques ustensiles étaient nécessaires: une bouette à mettre le gruau (2 sols 6 deniers), des seilles(5 sols l'unité), un gal à rôtir (22 sols), un chaudron (22 sols), des cruches (2 sols l'unité), deux bassines (34 sols les deux), des pots de terre (2 sols l'unité), un jatte de bois (3 sols), des couteaux (3 ou 6 sols l'unité et pour un couteau crochu 2 sols), quatre verres (6 sols). A la fin de l'été, les moines faisaient provision d'avoine: deux minots (28 sols)le) le 25 août, une demi perrée (30 sols)le) le 29 septembre et un boisseau (50 sols) le 18 novembre. EtaitÉtait ce pour préparer des bouillies ou pour nourrir le cheval ? Il est difficile de comparer les quantités par rapport au coût car elles sont variables selon les villes. Ainsi, selon les comptes des Carmes, une perrée serait égale à quatre minots mais dans certains documents sur les anciennes mesures un minot est égal à 2 deux boisseaux. Ils ont aussi acheté du foin : 1 une seule charretée pour 3 livres début septembre alors qu'à la mi-août pour le même prix ils en avaient 4 quatre charretées. Le 1er avril une charretée de paille coûtait 24 sols. Le 9 mars, une main de papier (soit 25 feuilles de papier) a coûté 1 sol 6 deniers «pour escrire les quittances et affaires du couvent » et le reste de l'année une main de papier a coûté 2 sols. « Pour écrire les messes en musique » une peau de parchemin a coûté 5 sols et une rame de confessionnal Conclusion
Ainsi, les comptes des Carmes d'Hennebont nous ont permis d'avoir un aperçu de leur vie sur une année, à savoir: des évènements marquants (tumulte du peuple, peste et malgré cela quelques moments de détente), des travaux de restauration ou d'entretien, des activités diverses (lessive, nettoyage, jardinage...) et des indications sur leur alimentation.
Hennebont -La Tour des Carmes
BIBLIOGRAPHIE
Série H2 BRILLAT SAVARIN Jean-Anthelme, Physiologie du goût, 1825. FONSSAGRIVES E., Hennebont, son passé glorieux, Étude historique communiquée à Hennebont le 19 juin 1923 aux membres de la Société Polymathique du Morbihan HERVÉ Patrick, Ar boued - Pratiques alimentaires de Bretagne, 1982. LEGUAY Jean-Pierre, Un réseau urbain au Moyen-âge: les villes du duché de Bretagne aux XIVe et XVe siècles. LE MOING Jean-Marie, Hennebont: ses origines, son histoire religieuse, 1928 LE MENÉ Joseph-Marie, Carmes d'Hennebont, Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, 1905 MAURICET A., Les anciennes mesures de capacité et superficie dans les départements du Morbihan, du Finistère et des Côtes du Nord, 1893 K. WHEATON Barbara, L'office et la bouche, Histoire des mœurs de la Table en France 1300-1789, 1984
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