DINAN
20 05 2007 Le rendez-vous est toujours place Glotin, mais très tôt, c’est la raison pour laquelle nous vous retrouverons sur place à Dinan même. J’espère que le réveil n’a pas été trop difficile et à l’arrivée, il faut le constater, vous êtes tous prêts pour les visites. Vous êtes magnifiques ! | |||
Devant l’office de tourisme, nous attendent nos deux guides : Mmes Guiheneuc et Picarda. Je vais vous raconter notre visite avec Mme Picarda, puisque c’est avec elle que nous allons découvrir ou redécouvrir la bonne ville de Dinan !
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Au X° siècle, sur la motte, Dinan se réduisait à un château en bois qui protégeait la voie navigable : la Rance. Ce fut le début de la période seigneuriale. En 1065, Guillaume le Conquérant incendie le château, on peut en avoir la preuve historique sur la Tapisserie de Bayeux. Au XIIIème en 1283, Dinan devient cité ducale, elle compte trois kilomètres de remparts, il en reste de nos jours deux kilomètres six cent ciquante; Idris, géographe arabe du XIIème siècle dit qu’elle était entourée d’une muraille de pierres. La ville est plus vieille que St Malo .C’est à cette époque une ville de marchands, d’artisans, mais aussi une ville de couvents: sept couvents vont s’installer dans les trente hectares de la ville close, c’est pourquoi l’on avait coutume de dire : "St Malo : ville de corsaires Dinan : ville de prières."
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Nous nous retrouvons devant le théâtre des Jacobins, qui doit son nom au couvent du même nom. Devant nous une belle porte à accolade avec un blason, elle a été apportée de St André des Eaux et de l’autre côté une petite maison à pans de bois qui vient d’être restaurée et qui elle, se trouvait à Lanvollon (à une trentaine de kilomètres de Dinan !). Quelques coins de rue plus loin, nous sommes au pied du Beffroi, construit en 1495 au cœur de la cité, il est aussi haut qu’un clocher, c’est là que se réunissaient les notables de la ville : échevins, commerçants, Il est connu aussi sous le nom de tour de l’horloge. La grosse cloche a été offerte en 1507 par Anne de Bretagne notre « Bonne Duchesse » qui avait pour dame de compagnie Françoise de Dinan, dernière du nom. Quelques mètres plus loin, nous arrivons à l’Apport, quelle drôle d’appellation pour un ensemble de « maisons à porches » mais notre guide nous explique que ce mot vient du latin « apportare » qui signifie apporter et que c’est là, en effet, qu’on apportait les marchandises fraîches : lait, beurre et oeufs . Place des Merciers, les maisons à pans de bois sont de style « vitrine », l’influence en est maritime. Dinan compte cent dix huit maisons à pans de bois dont quarante datent d’avant 1600. Les incendies étaient nombreux à l’époque, c’est la raison pour laquelle en 1776, la construction des maisons en bois fut interdite et l’on commença à construire des maisons en pierres comme à St Malo avec les architectes de cette ville. Le dernier incendie eut lieu en 1907, le journal « l’Union dinannaise et malouine »relate l’événement. Au nord de la place, se trouve le lycée privé des Cordeliers dont la porte est malheureusement fermée. Ce couvent fut fondé en 1241, les Etats Généraux de Bretagne s’y réunirent en 1573 et 1634 (je connais un élève qui y a fait ses « humanités »). Près de cette place, de petites rues médiévales nous accueillent : la rue de la cordonnerie aujourd’hui appelée rue de la soif, allez-donc savoir pourquoi ! La rue de la Mittrie où travaillaient les ferblantiers, la rue de la larderie. Un arrêté sanitaire fut pris qui obligeait les gens ayant le besoin de jeter leurs « pots » à crier trois fois « Gare à l’eau ! ». Un peu plus loin, l’ancien couvent des Bénédictines, construit de 1628 à 1662 qui deviendra le collège Roger Vercel où ont étudié des hommes célèbres tels que Chateaubriand, Broussais, Pavie et Roger Crétin qui prit le pseudonyme de Vercel, il a bien fait, non ?
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Façade à pans de bois | Rue de l'Apport | Pierre tombale et coeur de du Guesclin | "Gare à l'eau!" |
Maintenant, nous sommes dans le haut de la rue du Jerzual, une rue très pentue qui remonte du port et qui comporte de très belles maisons dont la maison dite du Gouverneur que nous n’avons pas vue mais que vous ne manquerez pas de voir lors d’une prochaine visite !
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Revenant sur nos pas, nous allons voir le manoir renaissance Beaumanoir, il est transformé en habitation à loyer modéré. Notre guide nous raconte l’histoire d’ Hélène de Beaumanoir, mariée à 13 ans, son premier mari décède, on la remarie au marquis d’Acigné qui n’était plus très jeune ne supportant pas la vie qu’elle menait à Paris, elle prend la malle-poste et revient à Dinan où elle fondera le couvent des Dominicaines dont elle deviendra la mère abbesse. Quelques mètres et nous sommes devant l’église St Sauveur, en 1126, de retour de Croisades, Rivallon le Roux commande la construction d’une église dont il reste beaucoup d’éléments de l’époque romane : le porche et le mur droit de la nef, la plus grande partie de l’église date des XVème etXVIème siècles. Dans le transept gauche se trouve le monument qui contient le cœur de Duguesclin, connétable dont nous parlerons bientôt .Sortant de la basilique, nous sommes sur le jardin anglais jardin où se trouve la statue de l’explorateur Pavie (1847 1925) un superbe ginkho biloba nous offre toutes ses feuilles qu’il perdra aux premières gelées en une seule nuit. Ce jardin qui entoure la basilique St Sauveur est situé sur l’emplacement de l’ancien cimetière. Retournant au car, notre guide nous montre un gisant, un peu cassé, pas bien fini et pour cause, nous avons devant nous un gisant retrouvé au rez de chaussée de la maison qui se trouve en face et qui est du prêt à porter funéraire médiéval, le tailleur de pierre préparait un gisant et lorsque la commande était passée, l’artisan ajoutait les armoiries et les traits du visage de la personne décédée. Anticipation du travail, non ?
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Maintenant, il nous faut parler du personnage important de Dinan, à savoir Bertrand Du Guesclin. Il est né à Broons en 1320 d’une famille de petite noblesse, sans fortune. Il était très laid, nous dit-on et sa mère très belle ne l’aima jamais à cause de cela ! Il vécut comme un petit paysan, se bagarrant souvent, ses études furent inexistantes, il savait à peine écrire ! A 15 ans il connut la notoriété à l’issue d’un tournoi qui eut lieu à Rennes où il défit tous ses adversaires mais refusa de combattre contre son père, c’est alors qu’il fut reconnu. Sur la place du Champ clos, il livra un combat singulier contre Cantorbery, ce dernier ayant brisé la trêve et fait prisonnier le jeune frère de Bertrand, une stèle rappelle l’événement. Ensuite, il participa à de nombreuses batailles dont celle d’Auray où il fut fait prisonnier en 1364. Le roi de France Charles V le chargea d’emmener les grandes compagnies hors de France, il les emmena en Castille où il soutint Henri de Trastamare en lutte contre son frère Pierre le Cruel. A son retour en France, il fut nommé Connétable par Charles V en octobre 1370, sa grande entreprise sera d’expulser les Anglais. Il fut marié deux fois mais ne vécut que peu de temps près de ses épouses successives : Thyphaine Raguenel de la Bellière, puis Jeanne de Laval dont il n’eut aucune progéniture,. Par contre, il semblerait qu’il ait eu des bâtards en Castille avec la « dame de Soria » l’une des suivantes de la reine Jeanne, épouse d’Henri II de Castille. Ses descendants seraient les actuels marquis de Fuentes (c’est grâce à Yves via Georges Minois que nous avons eu connaissance de cette descendance). On ne nous a pas tout dit ! ! ! |
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Le groupe étant au complet, nous allons nous restaurer, le petit déjeuner est déjà loin ! Le campanile nous accueille le repas était certainement aussi bon qu’à l’habitude, mais mon rhume étant trop fort je ne sais pas ce que j’ai mangé et j’ai même oublié de noter, faute avouée est pardonnée, non ? L’après-midi sera consacrée à la visite de la Grande Vigne, la demeure du peintre Yvonne Jean-Haffen, notre guide sera Mme Guiheneuc. La maison est située en hauteur et nous prenons un escalier qui nous mène jusqu’au four à chaux où nous faisons un petit arrêt; continuant la grimpette, nous arrivons à la maison conservée telle qu’elle était du vivant du peintre.
Yvonne Jean-Haffen est née à Paris en 1895 et décédée en 1993, à Dinan. En 1925, elle épouse Mr Jean-Haffen, polytechnicien qui aura une école de préparation à l’aéronautique au 30 rue Falguière à Paris. Elle fera la connaissance de Mathurin Méheut et viendra en Bretagne où elle achètera cette maison en ruines qu’elle habitera en 1938, elle fait don de sa maison à la ville de Dinan ainsi que de la presque totalité de ses œuvres, environ 4000. Tous les ans est organisée une exposition sur un thème différent, à l’exception du grand salon qui garde toujours le même décor. Cette année la période Art-Déco est proposée aux visiteurs. Nous nous promenons de la cuisine au salon, puis nous montons à l’étage où se trouve l’atelier d’Yvonne et sur un chevalet un diplôme de collaborateur décerné à Monsieur Haffen Yvonne Jean et pourtant il s’agit bien de notre peintre femme! La peinture d’Yvonne Jean-Haffen est influencée par Mathurin Méheut avec qui elle sillonnera la Bretagne, ses techniques sont très diverses : dessins, gouaches, gravures, céramiques, objets peints, livres illustrés. Dans l’atelier, nous avons le plaisir de rencontrer la nièce du peintre qui veille fidèlement sur les œuvres de sa tante. Un petit coup d’œil à la salle de bains, à la chambre…puis après avoir admiré les tableaux nous faisons un petit tour de jardin et retrouvons le car qui vous emmènera au barrage de la Rance mais sans nous car nous vous abandonnons à votre « heureux sort ».
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La Grande Vigne - Façade arrière | La maison domine la vallée | Une fougère dans la cour | Un jardin tout en pente |
Ce fut encore une bien belle journée ! A la saison prochaine et bonne journée à Batz, à tous. Bonnes vacances et que l’on se retrouve tous en octobre !
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