Paul
JAN SAHPL Préambule : les éléments rapportés ci-après ne sont nullement une étude exhaustive, à prétention historique, mais seulement les événements qui ont concerné la ville de L'Orient pendant une courte période de deux mois : du 2 thermidor An III (20 juillet 1795), au 3è jour complémentaire de fructidor (19 septembre) L'orthographe et la ponctuation ont été mises sous la forme actuelle. La toute jeune République n'a pas encore trois ans. Elle est confrontée à des difficultés de toutes sortes, auxquelles s'ajoutent, dans la région, les chouans qui mènent des actions de guérilla et menacent l'approvisionnement en grains de la ville. Les
émigrés tentent de perturber le commerce, avec de faux assignats. Principaux
protagonistes. Emigrés : comte de Pusaye – d'Hervilly – Sombreuil Chouans : Cadoudal Républicains : Municipalité (maire : le citoyen Garnier) – Conseil général - Adjudant général Lavalette – Agent national – général en chef Lazare Hoche
« Victoire
des Français en 1795 » par C.N. Malapeau d'après Swebach
Desfontaines Cabinet
des Estampes, in Grand Larousse. Le paysage aurait-il
changé à ce point en deux siècles? La flotte, sous les ordres du commodore Warren, mouille en rade de Quiberon le 25 juin. Les 3000 à 5000 hommes de la division de Puisaye débarquent le 27, tandis que les Chouans, 15000 hommes, prennent Auray, Mendon et Landévant. La contre-offensive
s'organise. ARCHIVES
(volume 1 D5) Ci-après, la chronologie des événements tels qu'ils figurent sur les registres de la ville. La situation justifie qu'une permanence de nuit soit assurée à la mairie.
La permanence rapporte que la ville a été tranquille mais que ,depuis
la pointe du jour, il a été entendu une canonnade très vive du côté
de Quiberon dont, jusqu'à ce moment, elle n'a reçu aucune nouvelle
officielle. |
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4 thermidor (22 juil.; p.4)
– Séance de la section du Conseil général de la commune de
l'Orient en surveillance permanente, tenue le quartidi de la première décade
quatre thermidor an trois de la république française une et
indivisible. Séance
du Bureau. Le Bureau se forme à
huit heures précises, présidé par le citoyen Garnier, maire; - présents
les citoyens Coulon et Dyough, officiers municipaux membres du Bureau Aussi présents les citoyens Bonet, officier municipal, Trintinian et Rouleau, notables de permanence.
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Prise
de Quiberon.
La permanence rapporte que, sur les huit heures du matin, l'adjudant
général Lavalette a fait passer la nouvelle à la municipalité que la
presqu'île de Quiberon avait été prise, les chouans et brigands obligés
ou de se noyer ou de passer au fil de la baïonnette. De cette heureuse
nouvelle, il s'est empressé d'en prévenir le maire, qui l'a aussitôt
faite publier dans toute la commune, que les cris de vive la république
se sont faits entendre, et que la joie était présente sur tous les
fronts des citoyens amis de leur patrie, du bon ordre et de la
tranquillité publique. Le Bureau, sur les conclusions de l'agent
national, voulant perpétuer à jamais la honte des suppôts de la
tyrannie, et voulant montrer aux générations futures le châtiment qui
attend tous ceux qui s'armeront contre leur patrie, ordonne
l'inscription au registre de ses délibérations de la lettre du général
Hoche, ainsi qu'il suit: |
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Lettre du général Hoche
« Auray le trois thermidor an trois de la république,
« le général en chef Hoche à l'adjudant général Lavalette,
commandant à l'Orient :
Général
« Les valeureuses troupes que je commande ont, à deux heures du
matin en ce jour, emporté d'assaut le fort Penthièvre et le camp
retranché de la presqu'île, dont ils se sont emparés pour faire halte
n'ayant d'autre alternative que de se jeter à la mer ou d'être passés
au fil de la baïonnette. La noble armée (l'armée des nobles ?)
a mis bas les armes; elle arrive prisonnière à Auray, conduite par
quatre bataillons; donné avis de cette opération, signé L. Hoche.
Arrivée de la garde nationale.
Sur les six heures arrive le détachement de la garde nationale, partie
d'ici à la poursuite des brigands le vingt huit dernier, et amène avec
lui un convoi de grains.
Arrivée de grains. Les citoyens Patin et Célisio, commissaires
nommés par la municipalité pour suivre la réquisition des grains dans
le district du Faouët, arrivent aussi, et sur leur demande le Bureau
des subsistances s'assemble et rend, en leur présence, compte de leur
opération.
Les citoyens Bonet, officier municipal, Trintinian et Prouteau, notables
de permanence, prennent le service de nuit. Fait et arrêté les jour et an que devant;
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5 thermidor (23 juil.; p.5)
– Détail de la prise de Quiberon. Le district fait passer à la municipalité les détails sur la prise de Quiberon, de laquelle il semble que la conquête de cette île a été faite en deux heures de temps, que le nombre des prisonniers égale le nombre des républicains, après les avoir forcés de mettre bas les armes, que le butin fait sur eux est immense, tant munitions de guerre qu'équipements de toutes espèces, qu'enfin malheureusement le nombre des républicains qui ont péri dans cette journée est de deux cents et le double de blessés.
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8
thermidor (26 juil.; p.6)
- Distribution d'assignats faux provenant de Quiberon.
Une foule de citoyens se porte à la commune et y apporte des assignats
en grande quantité, qu'ils viennent de recevoir des militaires, et en
demandent la vérification.
Moyen d'en arrêter la circulation.
Le Bureau, après vérification faite, les reconnaît tous pour être
faux et provenir de Quiberon. En conséquence, après délibération et
sur les conclusions de l'agent national, il prévient le chef de la
force armée de prendre les mesures les plus promptes et les plus sévères
pour retirer des soldats les assignats faux dont ils sont porteurs, et
afin de prévenir toute émission de leur part et sur les conclusions de
l'agent national, le Bureau fait faire une publication de la loi sur les
distributeurs de faux assignats. Toute
la journée est employée à entendre les discussions des citoyens qui
viennent se plaindre d'avoir reçu des assignats faux, et à les
terminer conformément aux lois.
L'adjudant général Lavalette prévient la municipalité que, d'après
ses désirs, il a fait visiter les sacs des militaires venant de
Quiberon, et en a retiré les assignats faux qui s'élèvent à quelques
millions, qu'il se propose de les faire brûler publiquement.
Le Conseil municipal s'assemble ensuite, et délibère sur les objets du
moment qui sont les mesures à prendre pour arrêter la circulation des
faux assignats, dont le nombre paraît encore incalculable par la foule
des citoyens qui se présentent à la commune pour les déposer et
porter plainte contre ceux de qui ils les ont reçus.
Réimpression de la loi sur la distribution des faux assignats. En conséquence, sur
les conclusions de l'agent national, le conseil arrête de faire de
nouveau réimprimer la loi sur les distributeurs de faux assignats, et
de la faire publier dans tous les cantons de cette commune;
Le représentant du peuple Michel, ayant à côté de lui le citoyen
maire, a mis le feu au bûcher préparé pour consommer deux millions et
quelques cent mille livres d'assignats ... A mesure que les flammes s'élevaient
et dévoraient le papier formé par le tyran de l'Angleterre, les cris
de joie se renouvelaient. Les élans du patriotisme et de la joie un peu
calmés, la troupe au commandement de ses chefs a défilé devant les
autorités constituées et le cortège s'est remis en marche comme
devant pour se rendre à la maison commune.
Le courrier arrivé, on fait publiquement ouverture et lecture des
nouvelles.
Arrivée de 60 prisonniers de Quiberon.
L'on annonce l'arrivée de soixante prisonniers pris à Quiberon, escortés
par un détachement. Les prisonniers conduits dans le port, le Bureau ,
d'après la demande du commissaire de guerre, délibère des billets de
logement au détachement;
Le restant de la journée est employé à prendre des moyens pour
assurer les subsistances à la commune, dont la pénurie extême et les
difficultés de s'en procurer fait craindre la pénurie totale.
A cinq heures, le Conseil général s'assemble et, à l'ouverture de la
séance, sur la proposition du maire, il arrête de publier dans toute
l'étendue de cette commune la conclusion définitive de la guerre entre
la république française et l'Espagne, ce que les membres du Bureau
font aussitôt exécuter. 30
thermidor (17 août;
p.35) Arrivée de 160 prisonniers de Quiberon.
Sur les huit heures arrive un détachement escortant cent soixante
prisonniers pris à Quiberon. Le Bureau s'empresse à lui procurer les
logements nécessaires à la troupe, pour la nuit seulement, les
prisonniers étant logés dans le port.
L'agent national dépose sur le Bureau la loi du vingt trois messidor
dernier, relative aux assignats à effigie de la royauté dont il
requiert de suite l'enregistrement et la publication
art. Premier. Les assignats portant des empreintes extérieures de
royauté pourront pendant un mois à dater de la publication de la présente
loi, être employés dans toute espèce de paiement à faire à la
nation.
Sur le soir, arrivée de prisonniers faits à Quiberon, escortés par un
détachement. Le Bureau s'empresse à leur procurer les logements nécessaires
à la troupe.
2 fructidor (19 août;
p.37) Arrivée d'un convoi de grains.
Arrive ensuite un convoi de grains de la commune du Faouët, escorté
par un détachement.
Sur le soir, arrive un détachement de troupes de ligne, escortant deux
cents prisonniers provenant de la prise de Quiberon. Le port s'étant
refusé à les loger, le Bureau s'empresse à leur procurer asile, pour
la nuit seulement, n'ayant aucun emplacement capable de les contenir
plus longtemps, et délivre des billets de logement à la troupe chez
les habitants, après avoir préalablement placé les prisonniers dans
le local de la cidevant église de St Louis.
Sur les six heures, divers citoyens viennent prévenir la municipalité
que les chouans parcourent les environs de cette commune, et viennent dévaster
et arrêter plusieurs citoyens de la ville.
Le Bureau, aussitôt, fait prévenir le commandant de la place, qui fait
partir sur le champ la compagnie des chasseurs.
Sur les trois heures, deux citoyens provenant de la commune du Quevin
viennent prévenir qu'une femme a trouvé le corps du malheureux Cordé,
assassiné par les brigands.
Le tribunal de police s'assemble ensuite, et connaît de plusieurs délits
de son ressort, et renvoie quatre individus prévenus de chouannage, arrêtés
par une patrouille à Keryado.
Différents avis étant donnés que les chouans s'assemblent et ont déjà
plusieurs paroisses, pour aller intercepter le convoi de cette commune
venant du district du Faouët.
Le bureau s'occupe de suite à prendre les mesures nécessaires pour
assurer l'arrivée de ce convoi, sans lequel cette commune va se trouver
livrée à toutes les horreurs de la famine. Source: Archives municipales de Lorient
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Cette époque révolutionnaire voit l'instauration du système décimal, le 1er août 1793. Dans le même esprit, le calendrier subit, lui aussi, une profonde transformation, à partir du 24 octobre de la même année.
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L'an I commence le 22 septembre 1792.
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Le mois comprend trois décades, par ordre : primidi – duodi – tridi – quartidi – quintidi – sextidi – septdi – octidi – nonidi – decadi. C'est à Philippe Fabre, dit Fabre d'Eglantine, que l'on doit le nom des mois. On lui doit aussi une contribution plus durable au patrimoine national, avec « Il pleut, il pleut, bergère. » Compromis dans le scandale de la Compagnie des Indes, et accusé de corruption, il sera guillotiné.
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