Quelques
kilomètres et nous arrivons à Kernascleden. Le soleil brille et
nous réchauffe alors que nous regardons et admirons la façade sud de
la « chapelle aux 1000 clochetons »appelée ainsi à
cause de la multitude des pinacles ; comme toujours, c’est la
partie sud des édifices religieux qui est la plus ouvragée. La
construction commence en 1420 et se termine en 1453 à l’initiative des
ducs de Rohan, c’est un bel exemple de l’art gothique
flamboyant ; le porche à l’est est appelé porche des hommes,
celui de l’ouest : porche des femmes avec chacun un gâble finement
dentelé et une profondeur qui permet d’y abriter 12 statues de saints,
autrefois polychromes. Mais l’intérêt de ce lieu réside
essentiellement dans les fresques qui se trouvent à l’intérieur. Elles
datent, elles aussi du XVème siècle. Dans le bras sud du transept se
trouve l’enfer, peinture murale à la fois inquiétante et
drôle où les damnés mijotent dans des marmites sous l’œil de démons
fourchus et hilares. A côté, la danse macabre nous fait
comprendre que seigneurs, ecclésiastiques ou simples laboureurs se
retrouvent sur un pied d’égalité devant la mort. Redécouvertes en
1912 mais très abîmées par l’humidité elles ont été restaurées à
partir de 1996. Mais, ce n’est pas tout, les voûtes de la nef et du chœur
sont également ornées de fresques représentant des anges musiciens et
des scènes de la vie de la Vierge : l’Annonciation, ses
funérailles et la Résurrection du Christ. Une Pieta en bois polychrome
date du XVI ème siècle. 19 blasons ont été répertoriés sur l’édifice
dont 13 à l’intérieur ; les familles nobles ont donc contribué
au financement de la chapelle, les donateurs les plus généreux étant
les Rohan et le duc de Bretagne. |
Sainte Anne |
Avant de quitter les lieux, notre
guide nous raconte l’histoire du petit hibou qui s’était introduit
dans le clocher et qui avait mangé beaucoup de chauve-souris, il en avait
tellement mangé qu’il était devenu trop gros pour sortir par le trou
par lequel il était entré et que pensez-vous qu’il advint ? Il
fit du bruit et alerta les visiteurs qui se demandaient bien ce qui se
passait dans ce clocher eh bien ce vacarme dans Landerneau de Kernascleden
fit que l’on installa des caméras et que l’on ouvrit un musée en
prise directe avec les bestioles appelées rhinolophes :
chauve-souris qui présente une membrane semi-circulaire sur le nez,
appelée pour cette raison fer à cheval.
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Arrêt
suivant : St Caradec-Trégomel où nous verrons la chapelle de
St Cado du XVIIème, elle fut édifiée par les seigneurs de
Kermerien. Sur le retable se trouvent les statues du saint patron, de St
Guernahel et de ND de la Clarté ; le tabernacle est en bois doré,
une Ste Anne enceinte se trouve sur le mur du bas-côté droit. Dehors, on
peut voir les restes de l’ossuaire et des pierres tombales qui,
autrefois, se trouvaient dans l’église. Louis XIV interdit l’inhumation
dans les églises, cette nouvelle disposition fut très difficile à
mettre en application.
Les estomacs crient
famine, c’est l’heure ! Le restaurant Kerchoch, à
quelques kms du Croisty nous accueille, au menu :
kir ; assiette
piémontaise ; pintadeau frites
fromage ;
salade ; nougat glacé et boisson.
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Notre guide, cet
après-midi nous fait visiter l’église du Croisty : le
bourg, dont le nom signifie : le domaine de la Croix fut le siège d’une
commanderie des chevaliers de St Jean de Jérusalem, puis ordre de Malte
en 1530. L’intérêt de l’église réside dans les sablières
sculptées et les 6 fragments du jubé, classé MH. Les sablières en bois
polychrome représentent des scènes de la vie courante parfois réalistes
comme l’homme jeune et vigoureux et aussi des scènes de chasse.
L’église, terminée en 1553 comme l’atteste la date inscrite sur une
des poutres est dédiée à St Jean Baptiste, le saint patron des
Hospitaliers, sa statue en granit polychrome garde encore le porche de l’édifice
dans lequel le commandeur rendait la justice. Au fil du temps, les murs se
lézardèrent et l’édifice menaçait de tomber en ruines. Une
restauration fut entreprise dans les années1990 et l’on découvrit une
arche de style roman, témoin d’une construction antérieure. Sur la
façade sud se trouve l’ossuaire. Notre guide nous raconte un
épisode horrible de la vie en ces régions en 1779 ; une grave
épidémie de dysenterie bacillaire sévissait, elle fit des milliers de
victimes dans la France de l’ouest, ce fut un dégât collatéral de la
guerre de Libération des Etats –Unis, aucun de ces termes n’existait
à l’époque,me semble-t-il…Des troupes débarquant des différents
ports :Brest, St Malo, Le Havre contaminèrent la région ; un
exemple parlant :91 décès en 1779 au lieu de 30 en moyenne, les
années précédentes. On laissait les malades chez les gens qui voulaient
bien les accueillir le long du trajet .Les médecins qui suivaient les
troupes étaient épouvantés en voyant la misère et le manque d’hygiène
dans les campagnes, on donnait des œufs et de l’alcool pour solidifier
les selles !!!Ce n’était pas mieux avant !
Sur le clocher, une
statue : un moine, un livre dans la main, une échelle mais qui
est-il ? Mme Barré, comme nous, aimerait le savoir, personne n’a
la réponse, momentanément… car le portable est là! un peu plus tard,
M. Barré Jr nous fait savoir qu’il s’agit de St Jean Climaque !!!
Tout nouveau celui-là, mais les nouveaux étant les bienvenus,
alors ? faisons connaissance, il était au VIème siècle nigoumène
dans le Sinaï, son échelle représente l’échelle sainte du nom du
livre qu il écrivit : une œuvre représentative de la littérature
ascétique bizantine ; au XVIIIè ce livre fut traduit par Arnauld d’Andilly(1589-1674)
l’écrivain de Port-Royal qui fut appelé le « courtisan
anachorète ».
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Nous quittons le
village pour les bois de Lochrist et la chapelle de la Trinité en
Ploerdut, un des points le plus haut de la région à 2750dm comme aime à
nous le dire notre guide. Elle était en très mauvais état dans les
années 60 et fut mise hors d’eau par une association de bénévoles.
Cette chapelle était connue pour posséder une riche statuaire qui fut en
partie « empruntée » par le clergé, on y voit des restes de
fresques aux motifs géométriques rouges. Ce lieu est porteur d’énergie,
en effet, devant la 2ème arcade du bas-côté nord le pendule
s’affole !!! A 300m, la fontaine : salutaire pour les maux d’oreille.
Un petit tour dans
les bois tant que …..et nous arrivons aux loges. C’était des
habitations précaires, de forme ronde, démontables où vivaient de
pauvres gens. En 1860, 80 personnes occupaient 20 loges qui,
chacune n’avait qu’une seule pièce ; Les hommes étaient
ouvriers agricoles, couvreurs en chaume, ils élevaient quelques volailles
et cultivaient des parcelles. La population du bourg n’ appréciait
guère ces personnes qui pourtant avaient des noms très courants
comme : Tugdual Boursicaut.
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