L’AVIATION MARITIME ET LA LUTTE CONTRE LES SOUS-MARINS ALLEMANDS SUR LES COTES BRETONNES 1917-1918 Thierry Leroy
Jusqu’à
l’automne 1916, la Bretagne a été tenue à l'écart des combats, et
ses habitants n'ont été concernés par le développement des activités
aériennes de guerre, qu'au travers de la presse. L'aviation militaire
était alors répartie sur les fronts terrestres de l'Est, du Nord et de
Grèce, tandis que l'aviation maritime n’était positionnée qu’à
proximité du Pas-de-Calais et en Méditerranée. Trop
loin du front pour être touchée par les bombardements, la Bretagne était
également peu visitée par les sous-marins allemands, en raison de la
distance qui séparait ce terrain de chasse de leurs ports belges
(Ostende et Zeebruge) et allemand (Emden). Moins d'une vingtaine de
navires ayant été coulés au cours de l'année 1915 dans la zone des
40 milles autour de la Bretagne, aucune défense particulière n'était
nécessaire. Mais
la guerre sous-marine, déclenchée en Manche et Atlantique par
l'Allemagne, fit entrer la Bretagne dans une guerre de blocus côtier,
et ses habitants purent assister en quelques mois seulement à un déploiement
de forces aéronavales comme aucune autre région n'en avait connu
jusque là. Hydravions, avions, ballons dirigeables et ballons captifs
furent alors regroupés à proximité des grands ports, puis à partir
de l'été 1917 sur les routes suivies par les navires. Les
Bretons du littoral, qui jusque là n'avaient vu d'aéronefs qu'à de
rares occasions, furent alors amenés à vivre à leur contact direct,
certains partageant même la vie quotidienne des aviateurs disposés aux
points les plus exposés de la guerre navale. Lorsqu'ils
entrèrent en action en Manche centrale et aux abords d'Ouessant dans
les premiers jours de septembre 1916, les sous-mariniers allemands de la
flottille de Flandres avaient choisi ce terrain de chasse car il se prêtait
bien à une action de guerre qu'ils voulaient à la fois économique et
psychologique. De plus, si les ports bretons servaient au débarquement
de troupes (Sénégalais, Russes, Portugais) et de matières premières
nécessaires à la guerre (nitrate, charbon, coton, bois etc...), les
forces navales y avaient été réduites au minimum. Des batteries côtières
avaient même été désarmées au profit des fronts terrestres. De
temps à autre, un ballon dirigeable du Centre d'Aérostation Maritime
du Havre survolait la zone, mais loin de son port d'attache il ne
pouvait s'attarder.
Durant les quatre derniers mois de 1916, plus d'une centaine de
navires de tous tonnages furent coulés près des côtes bretonnes, et
plus de 350 jusqu'à la fin de la guerre. L’aéronautique apparut
alors à l’Amiral Lacaze, ministre de la Marine, comme le moyen le
meilleur mais aussi le plus rapide à mettre en place pour répondre au
nouveau péril. Les commandes d’hydravions
et de ballons augmentèrent alors de manière très nette, tandis que de
plus en plus de volontaires étaient dirigés vers les écoles de
l’aviation maritime. Mise en place des premières unités aériennes Une
première unité, dénommée Centre aéronautique de Brest, commandée
par le capitaine de frégate Lefèbvre, devait regrouper
administrativement les hydravions de Camaret (aux ordres du lieutenant
de vaisseau Pouyer), les ballons dirigeables de Guipavas (lieutenant de
vaisseau Leygue) et les ballons captifs de Brest-Laninon
(lieutenant-de-vaisseau Muiron). Les premiers hydravions, venus de La
Pallice, furent basés en baie de Camaret où la cale du canot de
sauvetage pouvait servir immédiatement. Ils ainsi purent entrer en
action dès le 5 janvier 1917. En mars 1917, un deuxième CAM était
constitué sur le littoral sud de la région sous le nom de Centre aéronautique
de Lorient-Paimboeuf. Il était commandé par le lieutenant de vaisseau
Vaschalde. Deux sites étaient choisis : l'un à Lorient sur un terrain
attenant à l'arsenal pour les hydravions (aux ordres du lieutenant de
vaisseau Destrem) et l'autre pour les ballons dirigeables sur la commune
de Saint-Viaud près de Paimboeuf (capitaine du génie Paul Leroy). Les
hydravions de Lorient furent opérationnels le 4 avril, mais si ceux-ci
pouvaient être mis en oeuvre assez rapidement, il n’en était pas de
même des ballons qui demandaient une importante infrastructure
d'accueil. L'aérostation ne put entrer en action avant la fin du
printemps.
Centre
d' aviation de Lorient Camaret
devait couvrir un secteur s'étendant de Bréhat à la Pointe de
Penmarc'h (zone des patrouilles de Bretagne), et Lorient prenait la
suite de Penmarc'h à l'île d'Yeu (zone des patrouilles de la Loire).
Chacun des CAM disposait
pour cela de douze hydravions. Il y avait là une impossibilité
technique que les commandants ne tardèrent pas signaler en demandant la
création d'autres bases aux extrémités de leurs secteurs respectifs.
Dès le mois de février, on s’était aperçu en effet que les points
les plus menacés par les U-boot étaient
justement les plus éloignés des CAM. Pouyer proposa donc la création
d’un Poste de Combat (PC) près de Tréguier. Muni
d'un hangar, d’une réserve de bombes et de carburant, d’un poste
TSF et d’un petit colombier, le PC devrait recevoir trois hydravions
sur un terre-plein choisi sur la commune de Plouguiel. Il serait mis en
oeuvre par une dizaine d’hommes, et aurait pour fonction d’éviter
aux équipages les longs vols de transits. Au même moment, un Poste de
Relâche (PR) était également établi à Ouessant (en baie de Lampaul)
où les hydravions devraient trouver carburant et bombes en cours de
missions, et faire relâche s‘ils étaient surpris par la nuit ou le
mauvais temps. Il était mis en œuvre par huit matelot aux ordres
d’un quartier-maître.
Equipage
d'hydravion à Lorient Pour
le littoral sud, des aérodromes furent créés pour accueillir des
escadrilles d'avions militaires, en accord avec le ministère de la
Guerre qui fournissait personnel et et avions. L'escadrille V-484, aux
ordres du capitaine Lallemand, s'installait à La Baule[1],
et l'escadrille V-483, commandé par le capitaine de Bourdès
s'installait à Quiberon. Un autre terrain était vu à l'Ile d'Yeu pour
recevoir un Poste de Combat destinés aux avions de l'escadrille V-484
de La Baule. La création des escadrilles côtières s'imposait
d'ailleurs moins par le manque d'hydravions que par la difficulté à
trouver des plans d'eau praticables à toutes marées et présentant des
berges suffisamment planes pour permettre l'édification des
installations (hangars, ateliers, logements …) et la mise à l'eau des
hydravions. Une escadrille côtière pouvait être en effet créée à
peu près en n'importe quel point du littoral, pourvu qu'on puisse y dégager
un terrain relativement plat de 450 mètres de côté. Cette facilité
d'installation ne justifiait cependant pas la multiplication de telles
unités, car pour être légères d'utilisation (décollage rapide,
entretien facilité par rapport aux hydravions) elles présentaient pour
inconvénient majeur l'absence de flottabilité des appareils en cas de
panne en mer. Or les problèmes mécaniques étaient encore fréquents,
et il fut jugé « criminel » de demander à des équipages
de s'éloigner à plus de vingt milles des côtes, distance à laquelle
on les perdait de vue en leur enlevant toutes chances de revenir en cas
de panne. Devant la nécessité de compléter la surveillance au large
de la Loire, un Poste de Combat pour hydravions fut donc décidé dans
ce secteur, dans le port du Croisic. Il put entrer en service dès
juillet 1917. Des
Centres d'aérostation entraient également en service, à Brest en
avril 1917, et à Saint-Nazaire en septembre. Les ballons captifs (appelés
plus souvent « saucisses » en raison de leurs forme caractéristique)
remorqués par des patrouilleurs, pouvaient être employés en haute mer
pourvu que le vent souffla sans violentes rafales. De sa nacelle,
l'observateur voyait plus loin que les marins de la passerelle et
pouvait guider le tir des canonniers grâce à une ligne téléphonique.
Mais c'est surtout dans la recherche des mines que les captifs allaient
donner la mesure de leurs possibilités. Les
ballons dirigeables des CAM Paimboeuf et Guipavas, entrés en service début
juillet 1917, présentaient pour leur part le sérieux avantage de
pouvoir franchir de grandes distances et de se placer en poste
d'observation au-dessus des convois de navires. Ils pouvaient ensuite
maintenir les moteurs à régime réduit et calquer leur vitesse sur
celle des navires escortés, ce qui allait faire d'eux de très sérieux
adversaires pour les sous-marins qu'ils pouvaient bombarder à la
verticale. Leur principal défaut, mais ce n’était pas le moindre, résidait
dans l'hydrogène dont ils étaient gonflés (de 3 à 10 000 m3) qui
faisait courir un danger à l'équipage en cas de réplique armée du
sous-marin ou en cas d'orage. Pour plus de sécurité, les ballons
furent donc équipés d'un canon léger de 37 mm sur l‘avant de la
nacelle, et travaillèrent généralement en relation avec les
hydravions, au moins jusqu'à 40 milles des côtes. L’arrivée
des Américains
Au
début de l'été 1917, le système de protection étant au point, les
Américains, entrés en guerre le 6 avril, purent enfin envoyer un
premier contingent vers la France. Ils choisirent Saint-Nazaire pour débarquer
car ce port n'était pas aussi encombré que ceux de la Manche, tout en
étant bien desservi par le chemin de fer et assez éloigné des ports
belges aux mains des Allemands. Entre le 26 juin et le 2 juillet, près
de 15 000 GI's et 46 700 tonnes de matériel furent débarqués sur ses
quais. L'arrivée
des grands convois américains qui s’annonçaient à la suite de
celui-ci, ne pouvaient souffrir la moindre erreur de jugement. C'est
pourquoi le 18 juin 1917, l'amiral Lacaze avait décidé la création de
la Direction générale de la Guerre Sous-Marine (DGSM), placée sous
l'autorité directe de l'amiral Merveilleux-du-Vignaux, chef
d'Etat-major de la Marine. Le nouvel organisme étendait son autorité
sur toutes les autres sections de l'Etat-major dont le concours lui était
nécessaire. L'une de ses premières mesures fut la restructuration
administrative des patrouilles aériennes dont l'organisation, centrée
sur les ports, était trop rigide pour permettre une action efficace. Le
1er juillet, une circulaire ministérielle rendait autonomes les Centres
d'aviation et d'aérostation. Les chefs des anciens Centres aéronautiques
de Brest et Lorient-Paimboeuf devenaient responsables de zones sous le
nom de Commandants des patrouilles aériennes. Les Patrouilles Aériennes
de la Loire étaient sous le commandement du capitaine de corvette
Vaschalde (à Saint-Nazaire, puis à Lorient), et les Patrouilles Aériennes
de Bretagne aux ordres du capitaine de frégate Lefèbvre (à Brest). Peu
après, en août 1917, le Poste de combat de Tréguier était également
transformé en Centre d’aviation autonome. Cependant ce n'était pas
toujours aussi simple. En juin 1917, le lieutenant de vaisseau Destrem,
commandant le CAM Lorient, survolait les environs des Glénan et de
Penmarc'h à la recherche du site le plus approprié à la surveillance
du secteur. Son choix se porta sur l'embouchure de la rivière de
Pont-l'Abbé, calme et étendue à cet endroit, et sur la presqu'île de
l'Ile-Tudy. Mais les travaux dépassaient ce que Destrem avait imaginé
dans un premier temps, si bien que le PC ne put entrer en fonction avant
la fin septembre, les travaux n'étant pas encore totalement achevés. Le
nombre des CAM étant multiplié jusqu'à la fin de la guerre, celui des
appareils en service était également régulièrement renforcé. La
plupart des Centres disposait de douze hydravions au début de 1917,
mais passait à seize dès l'été, et certains, placés à des points
particulièrement importants, furent encore développés à vingt-quatre
et même à trente-deux à comme Camaret en 1918. La
marine américaine préférant prendre en main la sécurité de ses
troupes, deux charbonniers transportant des élèves-pilotes et élèves-mécaniciens
touchaient terre à Saint-Nazaire et Pauillac en juin 1917, puis furent
dirigés vers les écoles françaises pour y apprendre leurs métiers
respectifs. Beaucoup d'entre eux allaient ensuite retrouver la Bretagne,
lorsqu'en octobre et novembre, brevetés, ils furent affectés aux
premiers Centres d'aviation américains cédés par la France à
l‘Us-Navy, au Croisic et à l'Ile-Tudy. Un partage des zones de
patrouilles en alternance, tous les cinquante kilomètres environ, avait
été convenu entre les deux marines. Lorient se trouvant à mi-route
entre ses deux postes de combats, le CAM céda ses deux PC aux Américains[2],
qui reçurent les unités entièrement équipées. De même, le CAM
Paimboeuf et son principal dirigeable, le Capitaine-Caussin
(9000 m3) étaient cédés le 1er janvier 1918. La marine française
tenant à conserver le CAM Guipavas près de Brest, l'installation d'une
structure américaine fut autorisée à proximité. Patrouilles et escortes de convois
Afin
de protéger au mieux les convois de navires, les vols des hydravions étaient
divisés en trois catégories. Dès le matin et jusqu'au soir, des
sections de deux hydravions se succédaient en patrouilles suivant des
trajets quasiment immuables. Parfois, si un sous-marin y avait été
signalé, ils insistaient un peu plus sur une zone, mais d'une façon générale
ces patrouilles différaient peu les unes des autres. Au même moment,
un service d’alerte était assuré par une section de deux ou trois
hydravions maintenus au CAM, leurs équipages prêts à s‘élancer dès
réception d’un « Allo » (alerte au sous-marin) par la TSF
ou le téléphone. Mais si dans les premiers mois de 1917, le travail
quotidien des unités aériennes avait surtout consisté en ces vols de
patrouilles, à partir de juin, l’escorte des navires devint leur
emploi le plus courant et à la fin de l‘année, cela représentait même
60% des heures de vol effectuées par les hydravions français.
L’escorte prenant le pas sur les autres missions, les patrouilles n’étaient
alors effectuées que si les moyens en hommes et matériels le
permettaient. Évidemment,
cela n’était jamais improvisé mais au contraire assuré suivant une
minutage précis en liaison avec les autres unités. Le jour dit, une
section se présentait à un point défini à l’avance et lorsque le
convoi était en vue, les pilotes devaient ensuite respecter un ensemble
de consignes permanentes. Par exemple, ils devaient toujours naviguer en
section bien formée, sauf initiative du chef de section en cas de
raison militaire impérieuse. Le chef de section devait vérifier si le
chef de convoi avait des signaux à lui communiquer, puis les hydravions
volaient ensuite devant les navires selon un angle de 45°, en virages
successifs, jusqu'à 10 ou 15 milles sur l'avant, revenant puis s'éloignant
à nouveau. Ils ne devaient jamais s’éloigner plus avant, pour
conserver le contact visuel avec les navires, car l’alerte pouvait être
donnée à tout moment. Si
un objet suspect était repéré (ce pouvait être une mine),
l’hydravion devait en aviser le convoi au plus vite pour lui permettre
de modifier sa route. Si c’était un sous-marin qui était repéré,
l'appareil le plus proche menait l'attaque, suivi d'un équipier, tandis
que le troisième donnait l'alerte au convoi par une bouée à signaux lâchée
près d’un escorteur. L'observateur de l’appareil de la section
portant la T.S.F.[3]
lançait alors le « allô ». En faisant cela, il déclenchait
l’alerte générale et appelait à l'aide toutes les forces
disponibles dans le secteur, tant maritimes qu'aériennes. Il devait
pour cela suivre une procédure là encore définie à l'avance. Tout
d'abord, il annonçait l'attaque par un signal alternant traits et
points, puis suivait l'indicatif de la station TSF la plus proche à
laquelle il s'adressait « en théorie », celui de
l'hydravion, puis le mot « allô » répété cinq fois. La
position du sous-marin en latitude et longitude devait être également
précisée, ainsi que l'heure et la date. Tandis que le convoi se déroutait
et que des patrouilleurs convergeaient vers le point indiqué, la
section d'alerte décollait du CAM ou du PC le plus proche pour soutenir
l'attaque. Lorsqu'ils
avaient utilisé les deux ou quatre bombes dont ils disposaient (selon
le type d’appareil), les hydravions étaient désarmés. Mais même
sans projectile, ils restaient encore une menace pour le sous-marin dont
le sillage, par temps clair, pouvait être encore suivi. Le danger
venait alors des navires patrouilleurs qui pouvaient grenader en réglant
leurs tirs suivant les indications des hydravions ou du ballon de
l'escorte. Aucun sous-marin n’a été coulé sur les côtes bretonnes
durant cette guerre, mais plusieurs n’ont dû leur salut qu’à la
nuit qui leur a permis d’égarer les poursuivants. Bilan de la guerre sous-marine en Bretagne Au
cours l’année 1918, la surveillance aérienne étant parfaitement
associée au système des convois et aux patrouilles de surface, les
sous-marins rencontrèrent de moins en moins d’occasions d’attaquer
sans risquer d‘être eux-mêmes pris à partie pendant des heures, et
dans la journée les sous-marins devaient se tenir de plus en plus
souvent en plongée. Le 3 août 1918, un sous-marin parvenait encore à
couler deux cargos américains au moment ou leurs convois allaient se
croiser en baie d'Audierne, mais il s’agissait là d’un chant d’u
cygne pour les sous-mariniers allemands. En effet, aussitôt pris en
chasse par des hydravions de Camaret appuyés par des appareils américains
de l'Ile-Tudy, le U-boot subit
une douzaine d'explosions de bombes avant de pouvoir disparaître en
profondeur. Les sous-marins montrant encore une certaine activité en
baie d'Audierne, la sécurité de la zone fut alors renforcée par la création
de l’escadrille côtière L-491 à Plomeur, près de Pont-l'Abbé. Du
1er septembre 1916 au 31 décembre 1917 l'aviation navale française a
participé à 106 attaques de sous-marins, dont 28 furent opérées par
les CAM bretons (26,4 %). L'établissement de Camaret représente à lui
seul 22 bombardements. Au cours de l'année 1918, les chiffres d'activité
furent comparables. L'aéronautique maritime annonça 105 bombardements,
dont 44 en Bretagne (42%) et 19 pour Camaret. Les succès de l'aviation
navale américaine sont du même ordre puisque sur 35 bombardements,
seize le furent en Bretagne (46%) ; le CAM Ile-Tudy s'avérant le plus
actif de tous avec 14 bombardements (40% du total). Dans
le même temps, le nombre des navires coulés chuta de manière très
nette. Si entre septembre 1916 et décembre 1917, plus de 300 navires
avaient été coulés en Bretagne, seulement une trentaine disparurent
durant l’année 1918. Une bataille importante, essentielle pour la
victoire des alliés, a donc été menée sur les côtes de l'Atlantique
et de la Manche en 1917 et 1918 par les hommes des patrouilleurs et de
l'aviation maritime. L'issue en a été la victoire sur mer, qui a
permis maintenir le ravitaillement de la France et l'arrivée des Américains
en Europe. Mais
si les Américains, venus de loin pour combattre, en retirèrent une
aura particulière, il n'en a pas été de même des hommes de
l'aviation maritime française. Presque totalement absents de la presse
de l’époque, pour des raisons de sécurité. Il leur fut souvent donné
une image peu glorieuse « d’embusqués », ce qui devait
favoriser l'oubli, y compris dans certaines familles d'aviateurs où la
tradition orale est aujourd’hui réduite à presque rien.
Thierry Le Roy Bibliographie LE ROY (Thierry) La
guerre-sous-marine en Bretagne - Victoire de l’aéronavale 1914-1918,
auto-édité, Bannalec,
1990, 254 p. LE ROY (Thierry) Les
Bretons et l’aéronautique des origines à 1939, PUR, Rennes,
2002, 530 pages. [1] Elle dut déménager au Croisic dès l'hiver suivant, car le premier terrain était inondé en cette saison. [2] L'Ile-Tudy fut cédé le 20 octobre et le Croisic le 27 novembre 1917. [3] Une seule TSF était admise par section car elle pesait 22 kg et pénalisait l'appareil pour le transport de bombes.
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