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LANDEVANT & LANDAUL

 

 

Pierre Robino

Commentaires de la sortie de la SAHPL 29 novembre 2008

 

 

  Château de Kerambarh 

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      LANDEVANT

       Église Saint-Martin 

 

Les paroissiens de Landévant estimaient que leur église n’était pas très belle. En effet, sur la corniche était sculptée une représentation des sept péchés capitaux, qui était « autant de modèles de laideur » selon un témoignage de l’époque. En 1833 la fabrique avait réuni suffisamment de fonds pour envisager la construction d’un nouveau lieu de culte. Le comte de Perrien aurait aimé voir l’église construite entre le bourg et son château de Lannouan. Les Landévantais préféraient l’édifier au même endroit, au bas du bourg. Au mois de mai 1834, en l’absence du comte en voyage à Paris, on rasa l’ancienne église. La première pierre du nouvel édifice est posée le 24 juin et à la Toussaint une messe y fut chantée. La croix du clocher sera mise en place en 1857.

De l’ancienne église du XVe siècle, quelques vestiges nous sont parvenus. On a inséré deux pierres sculptées dans le mur nord, une sirène et un animal indéterminé, et dans la façade sud, de part et d’autre du petit porche, un cadran solaire et des pierres portant des caractères gothiques.

Sur le cadran solaire se trouve l’inscription latine « HORA NUNC », « l’heure maintenant ». En dessous, une première inscription sur deux lignes fait remonter la construction de l’ancienne église à la fin du XVe siècle :

 

  

« CESTE YGLISSE FUT COM (MENCEE L’AN ?)

MIL QUATRE CENTZ QUATRE (VINGT... ?)»

 

 

On peut en déduire que cette église fut commencée entre 1480 et 1499. 

De l’autre côté du porche se trouvent deux pierres portant chacune une inscription de taille différente 

                     

                         « EN L’AN MIL CCCC ... » et à l’envers, « ... IIIIxx XIII »

  En l’an mil quatre cent ... » et « ... quatre vingt treize » (date pouvant concerner la toiture). 

          Le tout est surmonté d’un énigmatique « O H : M ». Un élément de sablière se trouvait chez un aubergiste du bourg. Il indiquait que le clocher avait été terminé en 1512.

Le saint patron de Landévant est Saint Martin. Il a sans doute succédé à Saint Yves qui aurait lui-même succédé à un Saint Evan, probable fondateur de la paroisse. Dans l’ancienne église, l’autel nord était dédié à Saint Martin (possession des seigneurs du Val), celui du milieu à Saint Yves et celui du sud à Notre-Dame du Rosaire (appartenant aux seigneurs de Bodalan).

 Château du Val

Le porche d'entrée et la tour hexagonale vus de la cour intérieure

    Proche de la route de Landévant à Baud, le château du Val a été restauré par ses nouveaux propriétaires. Il daterait de la fin du XVe siècle. Il est composé d’un bâtiment d’habitation construit en partie au-dessus d’un grand porche accédant à la cour et flanqué d’une tour hexagonale abritant un escalier à vis pour la desserte des étages. Une longère à l’ouest abritait sans doute le logement du métayer. La cour carrée était bordée de bâtiments annexes dont le four à pain. Un pigeonnier s’élevait à proximité.

Les armoiries de la famille du Val se voient encore au-dessus de la porte d’entrée et sur le linteau d’une fenêtre ouvrant à l’Est. Elles sont « d’argent à deux fasces de sable, à la bordure de gueules besantée d’or ». Les deux fasces de sable rappellent les armoiries de la famille du Garo (« D’argent à deux fasces de sable ») et les besants d’or la famille de Camarec (De gueules à cinq besants d’or au chef d’hermines ») ou celle des Malestroit (« De gueules à neuf besants d’or »). La bordure serait donc une brisure adoptée par un cadet du Garo. Cette famille est présente à Landévant au XIVe siècle. Les Malestroit sont aussi bien implantés dans la région à l’époque. Rien, cependant, ne prouve une telle origine pour le blason du Val. 

Il existe plusieurs familles du Val en Bretagne. Un Guillaume du Val, qui participe à des montres en Normandie en 1373 et 1378, semble être celui qui ratifie le traité de Guérande en 1381. Il apparaît dans un acte de 1397 avec la qualité de chevalier et dans un  autre de 1400 à propos d’un supplément de partage que lui devait Charles de Rohan. Il était marié à Jehanne Le Parisy (de Kerivalan en Brech). On trouve ensuite plusieurs membres de cette famille au cours des XVe et XVIe siècles : Henry, Gilles, Lucas et Marie de Coesby (Guégon), Nicolas, Louis et Marie de Sérent dont la fille Jehanne épouse Bertrand de Talhouët de Keravéon, Julien et Jean. Bonaventure Le Maignan semble en être propriétaire au moment de la Ligue, puis Eustache du Han et Anne Le Maignan, Jean-François du Han et Françoise de Marbeuf, puis Hercule de Francheville (marquis de Québriac). Les Marbeuf vendent la propriété en 1732 à Christophe Paul de Robien. Après les Du Val, les propriétaires ne demeurent plus au château. Peut-être y viennent-ils en villégiature à la belle saison. La maison est alors louée à un fermier qui cultive les terres et élève du bétail. C’était peut-être le cas de Mathurin Cougoulat qui acquiert la propriété d’avec le président de Robien en 1782.

En 1683, lors de la réformation du domaine, Françoise de Marbeuf déclare ses biens et prééminences : le château, la métairie de Bodamour, les moulins de Baudès et du Pouldu (ruiné), Kereste en Ploemel et Coëtcourzo en Locmariaquer, quatre foires dans l’année, la justice patibulaire sur le chemin d’Hennebont près de la chapelle Sainte Brigitte, les « pillory, cep et collier » près de l’église. Les seigneurs du Val possédaient des droits dans les chapelles Notre Dame de l’Hospital (Locmaria), Notre Dame des Vertus (Sainte Brigitte), Saint Uelec (chapelle disparue) et dans l’église paroissiale.

Château de Lannouan

  

 Le château de Lannouan, vu de la grille d'entrée du parc

 

Situé sur une colline à quelques centaines de mètres à l’est du Val, le site de Lannouan semble plus ancien que celui du Val. Lannouan pourrait être traduit par lieu sacré de Evan. Etait-ce l’ermitage du saint fondateur  de Landévant ? La présence d’un lieu-dit Bodmoustoir à proximité peut le faire penser. Toutefois, signalons que les toponymes Moustoir sont souvent donnés à des fermes ou métairies appartenant à un monastère.

Les Garo que nous avons signalé à propos du Val sont présents dans l’histoire de Lannouan aux XIVe et XVe siècles. Un document de 1367 (non retrouvé) évoquerait un contrat d’échange entre René du Garo et Nicolas de Lannouan et un autre de 1472 concernerait une transaction entre Jean du Garo et Hervé de Lannouan, fils d’Hervé de Lannouan et d’Aliette du Garo. Hervé avait en 1464 un revenu de 100 livres, soit trois fois moins que le seigneur du Val. Une Guillemette de Lannouan décède en 1519. Jean de Kermeno et Guyonne de Keraudren héritent alors de la seigneurie. Le père de Jean, un autre Jean de Kermeno, était l’époux de Louise du Garo. Les Kermeno restent propriétaires de Lannouan aux XVIe-XVIIe siècles. 

En janvier 1681, suite au décès de Bertrand de Kermeno, le greffier de la cour d’Auray se rend à Lannouan où il trouve la veuve du sieur de Loyon et Lannouan, Yvorée de Kerguiris. En 1691, Jean Cado, sieur du Boterff, décède au château. 

L’histoire de Lannouan est surtout marquée par la présence de la famille de Perrien, originaire de Plouagat-Chatelaudren dans le diocèse de Tréguier. Du mariage de Louis de Perrien et de Nicole de Cosnoal est né, à Mellionnec, le 25 août 1667, Jérôme de Perrien. Celui-ci épouse Jeanne Eudo de Kerohel le 21 mars 1688 en l’église Notre Dame du Paradis d’Hennebont. En 1702, le couple achète l’ancien château de Lannouan et ses dépendances. Jérôme décède le 4 octobre 1705. Georges Eudo de Kerohel et Joseph Eudo de Keronic assistent aux funérailles à Landévant. D’après l’inventaire après décès, le bâtiment est ainsi décrit : salon, cuisine, chambre haute, autre chambre, autre chambre, chambre du défunt, écurie et greniers.

Les Perrien qui suivent ne sont pas identifiés avec certitude : peut-être Vincent Hyacinthe, puis Louis Bonaventure ou Bonaventure. Sans doute ce Bonaventure, époux de Mauricette Le Maintré et père de Charles Bonaventure, Comte de Perrien, qui épouse en 1763 Bonne Josèphe de Kerboudel de la Courpéan, fille et unique héritière de René Joseph de Kerboudel et Louise de Bégasson de la Lardais. Charles Bonaventure décède à Hennebont le 2 juin 1793. Il était âgé de 60 ans et prisonnier au monastère des Ursulines. Son fils, Joseph Charles, émigra à Cologne pendant la Révolution.

LANDAUL

Château de Kerambarh

  

 

Château de Kerambarh - Vue aérienne Géoportail

Au XIVe siècle figure ici une famille de Kerambartz qui porte le nom de la seigneurie. Au siècle suivant, on trouve la famille Guillemin. Aux montres, elle affiche un revenu modeste, 80 livres en 1464 et 120 en 1477-1481. Des Kerambarh sont signalés de nouveau au XVIe siècle. Au XVIIe apparaissent les Chohan, puis les Gouyon et enfin, au XVIIIe, les Robien. Les Gouyon de Kerambarh étaient une branche cadette des Gouyon Matignon bien connus par leur alliance avec les Grimaldi de Monaco en 1715.

 

Kerambarh - Façade ouest vue du jardin

 Vers 1680, la seigneurie de Kerambarh était ainsi composée : château (logis, chapelle, grange, colombier et cour), bois, landes et prés environnants, moulin Guillemin, huit tenues au bourg de Landaul, sept à Langombrach et neuf autres dans la paroisse ; le fief comprenait cinquante et une tenues dont six à Landaul. Un inventaire après décès datant de 1693 décrit la maison au décès de Sébastien de Gouyon, époux d’Agnès de Baud : chambre basse, salle basse, deux chambres au-dessus, grenier, cuisine, boulangerie, écurie, étable... La maison principale est en ruines en 1783.

 

Une enquête de 1747 indique qu’un banc seigneurial, réservé aux seigneurs de Kerambarh, était situé près de l’Épître dans l’église paroissiale, du côté de l’autel dédié à Saint Yves. Les vitraux de cette « chapelle » Saint Yves étaient décorés des armes de Sébastien de Gouyon et d’Agnès de Baud, armoiries qui se retrouvent sur la façade du château de Kerambarh, « d’argent au lion de gueules, couronné d’or » et « d’azur à dix billettes d’or ». Dans la chapelle voisine de l’église, les Kerambarh avaient aussi un banc seigneurial du côté de l’Épître. Selon cette enquête, les titulaires de la seigneurie payaient des rentes aux carmes et à l’abbaye de la Joie d’Hennebont. Ils s’acquittaient aussi d’une rente de 30 livres pour l’entretien de la lampe de l’église paroissiale de Landaul.

 

Sources :

Compte-rendu de promenade, Pierre Robino, Bulletin de la Société d’Histoire et d’Archéologie du Pays d’Auray, juin 1994 (Kerambarh).

Articles de Pierre Robino dans le bulletin paroissial de Landévant :

   -septembre à décembre 1986, novembre 1990 et juin 1992 (Le Val)

   -avril à septembre 1987, septembre 1989 et décembre 1996 (Lannouan)

   -mars à mai 1994 (Prééminences des seigneurs de Bodalan dans l’église paroissiale)

   -mai 1987 et février 1994 (Landévant et son éponyme gallois)

   -juillet à septembre 1987 (Sur les routes galloises à la recherche de Saint Devan, journal de voyage).

Cahier de Paroisse (collection particulière).

 

Photos SAHPL