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Bulletin n°37 2008-2009

 

 

 

 

LES EURASIENNES A LORIENT

   Ludovic Simon

SAHPL

 

 

 

            Si certains noms poétiques, comme  Créole, Vahiné, Eurasiennes, nous font rêver, nous pouvons dire que la vie de certains aventuriers nous fait le même effet.

            Si le Finistère a son Nabab, le Morbihan a ses mandarins. Ceux-ci nous feront rêver deux fois : d'abord par leurs aventures et ensuite parce qu'ils sont à l'origine de l'arrivée des premières Eurasiennes à Lorient il y a deux siècles[1]. Chacun mériterait un récit plus détaillé, voici un très court résumé de leur vie.

            Quand Napoléon perçait sous Bonaparte, au Viet Nam, l'Empereur Gia Long perce sous Nguyên Anh en 1802.

            Monseigneur Pigneau de Béhaine recueille le roi de Cochinchine Nguyen Anh et son fils, seuls survivants de la famille royale, dont les autres membres ont été massacrés par les 3 frères Tay-Son.

             Ces derniers étaient des paysans révoltés descendus des montagnes (genre Dalton) qui avaient pris le pouvoir au Viet Nam. L'Évêque fit embarquer l'ex Roi et son fils et le présenta au Roi Louis XVI qui promit de les aider à reconquérir leur royaume. Comme souvent en France, ces promesses ne furent pas tenues faute d'argent.

            Monseigneur Pigneau de Béhaine fit appel à de vrais aventuriers qui battirent les cruels frères Tay-Son sur terre et sur mer ce qui permit à Nguyên Anh de reprendre son trône et en plus de conquérir l'Anam et le Tonquin, devenant ainsi Empereur du Viet Nam sous le nom de Gia Long.

            En remerciement le nouvel Empereur nomma tous ces héros "Mandarins de 1ère classe et marquis". Tous sont des Bretons, sauf Olivier de Puymanel.

             Laurent Barisy, né à Port-Louis était originaire de Groix. Marin de commerce de la Compagnie des Indes, il était chargé d'approvisionner les 200.000 soldats de Nguyen Anh, mais  participa aussi à la guerre. Il fut nommé "marquis" Thieng-tri (= droit et sincère). En l'absence de son royal protecteur il est accusé de vol et d'assassinat et condamné à la cangue par les Mandarins, de retour au bout d'une semaine le Roi le délivre de ce pesant appareil car il connaît la droiture et l'efficacité de son ministre des approvisionnements.

             Godefroy de Forçanz était de basse Bretagne, il épousa la belle sœur de Chaigneau, ce dernier avait épousé la fille de Barisy après la mort de sa 1ère femme.

            Jean Marie Dayot, originaire de Redon, coopère avec Olivier de Puymanel pour la cartographie. Nommé marquis Tri-Luc (= doué d'un jugement prudent).

             Philippe Vannier, né à Locmariaquer, a vécu 34 ans au Viet Nam, nommé marquis Chan Vu. Il avait détruit 5 vaisseaux et 210 galères de la flotte Tay-Son. Il revient avec Chaigneau à Lorient en 1825.

             Jean Baptiste Chaigneau, né à Lorient, originaire de la région d'Auray, nommé marquis Thang-Toan-Hau (= versé dans l'art des stratagèmes victorieux).

 Ces hommes formèrent une grande famille car ils s'unissaient par des mariages et par l'amitié, ils se serrèrent les coudes face à leurs homologues Vietnamiens de la cour de Hué, jaloux de leur prestige.

            Ils épousèrent des Cochinchinoises qu'ils amenèrent en France avec eux.

             Grâce à ces braves, Lorient a été une des premières villes de France à recevoir des Eurasiennes et des Eurasiens.

 

            En 1954 une dame Eurasienne, originaire de Hué, est arrivée à Lorient avec 8 enfants. Tous se sont mariés en Bretagne, mais leurs conjoints n'étaient pas des mandarins.

 

 

                                                                                                                     

 Sources : 

 

Philippe Héduy: Histoire de l'Indochine, (La perle de l'Empire 1624 – 1954) - Albin Michel

Christiane d'Ainval: Les belles heures de l'Indochine française - Perrin



[1] Eurasiennes du 21e siècle, ici vous êtes chez vous depuis deux cents ans !!!