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TALUTAGES EN FORET DE CARNOET PREMIERES INVESTIGATIONS
Groupe « Haut Moyen age » de la SAHPL
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I. Nombreuses traces d’anciens talus, mais pas partout La forêt de Carnoët, la plus proche futaie de Lorient bien qu’elle soit située dans la Finistère, est ancienne. C’était déjà un terrain de chasse délimité, attaché au château ducal de Carnoët, vers le XIIème siècle.
Sur la carte de Cassini, l’étendue boisée est pratiquement la même qu’aujourd’hui ; les toponymes des villages ruraux alignés entre la forêt et les Landes de Clohars correspondent à des désignations actuelles. Il n’y a, de ce point de vue, aucun souvenir d’installation agricole à l’intérieur du domaine de la forêt, au moins depuis la fin de l’Ancien Régime. Les traces de levées de terre plus ou moins ruinées, les vestiges de talus en lignes ou en enceintes que l’on découvre en sous-bois peuvent donc être considérés comme antérieurs au boisement, donc anciens ou très anciens. Les allées et sentiers plus modernes, tracés pour la chasse ou l’exploitation, ne tiennent d’ailleurs aucun compte des vieux talutages qu’ils ébrèchent souvent. Le hasard des promenades, la connaissance d’enceintes caractéristiques et le savoir de l’agent forestier responsable du domaine permettent de reporter succinctement sur la carte (ci contre) le contour des talus détectés dans trois zones. Le groupe A semble relié au camp du Passage et au château ducal. Les groupes B et C forment peut-être un ensemble, mais ils sont séparés par un ruisseau fort encaissé. Il y a sans doute d’autres talutages dans la partie nord-ouest de la forêt, mais rien n’apparaît entre les zones A et B. Toutes ces levées de terre méritent un examen approfondi. Nous avons convenu de commencer par le groupe B, appelé « talutages des Grands Buis » puisqu’il s’étale des deux cotés de l’allée (ou « ligne ») portant ce nom.
II. Découvertes antérieures autour de l’allée des Grands Buis L’état de conservation des vieux talus, souvent accompagnés de fossés, est inégal. Par endroits ils sont peu visibles. Lorsqu’ils se referment en périmètre de petite enceinte, celle-ci est bien apparente. Quelquefois un angle de grand enclos, mieux conservé, peut sembler un vestige d’enceinte analogue. C’est ainsi que plusieurs observations ont conduit à des inventaires d’«enceintes» de part et d’autre de l’allée des Grands Buis. Un lot de forêt, au nord-ouest de la route D49, a été déboisé-reboisé en restauration des dégâts de tempêtes. Cela a donné l’occasion de l’observation aérienne d’un long talus en forme d’équerre.
III. Campagne de mesurages Il était devenu captivant de chercher à discerner le réseau de talutages relié éventuellement aux différents points saillants déjà détectés. Nous avons utilisé le décamètre, la boussole et le GPS. En plusieurs journées, en dehors de la période de végétation, le contour de ce qui reste apparent sur le terrain a pu être topographié de manière à donner une première vue d’ensemble.
IV. Premiers regards sur deux endroits particuliers
IV.1. Complexe à talus double et « maison » rectangulaire
A environ 350 mètres du carrefour de l’allée avec la route départementale, les talus sont plus visibles et forment un réseau plus dense qu’ailleurs. Le talus est double à l’est, où il faut tenir compte de ce qu’une grande partie du talus extérieur a été détruite lors de l’implantation de l’allée. Des enceintes doubles se rencontrent dans les fortifications du Haut Moyen Age, mais il serait hasardeux de faire un rapprochement avec ce que l’on voit ici. Ce qui pourrait être un chemin entre deux talus traverse notre petit secteur. Il contourne plutôt qu’il ne donne accès à l’enclos du sud-est. Au sud de cet enclos un soubassement de construction est bien perceptible, de forme quasi rectangulaire avec une entrée au nord ; devant l’entrée, deux pierres plates en avant-seuil. Tout ceci donnerait l’impression d’une cour de ferme, les recoins d’enclos pouvant avoir reçu des abris à usage d’exploitation. La maison principale, si c’en est une, n’a pas d’extrémités en abside comme nombre d’habitations millénaires. L’ensemble est bien énigmatique. Il a pu y avoir plusieurs stades d’occupation.
IV.2. Structure ovale dite « loge » Environ 300 m au sud du site précédent, à l’ouest de l’allée, on distingue une zone empierrée comparée d’abord à la ruine d’une chaumière forestière, d’où le nom qui lui est donné. Le relevé effectué définit une cuvette visualisée par l’image ci-dessous.
La largeur totale est de 17 m. Le fond de la cuvette paraît circulaire, diamètre 10/11 m. Pourrait-il s’agir d’une structure en creux dont le parement intérieur se serait éboulé ? Les dimensions, trop conséquentes, ne permettent pas de supposer qu’elle ait supporté la couverture rustique d’une habitation fruste. On pourrait imaginer une charpente soutenue par un poteau central, composant un édifice à destination, pour l’instant, inconnue.
V. Orientation de la suite des prospections Les aperçus donnés ici ne constituent nullement le début d’une publication sur les différents vestiges entourant l’allée des Grands Buis et leur lien éventuel. Outre un complément de recherche bibliographique, il nous faudra enrichir les relevés, notamment de l’enceinte de Kerguéguen, et noter en nombre d’endroits le volume respectif des talus, la présence ou l’absence de fossés, la fréquence relative des empierrements, etc.
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