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LA MATRICE-SCEAU DE PONT-SCORFF, enquête

Gilbert BAUDRY

Membre de la S.A.H.P.L.

 

1ère Partie

I L'énigme
II L'enquête
  -L'approche héraldique
  -La bénédiction interrompue des Bénédictins
  -Le recours aux techniques modernes
  -L'hypothèse de l'utilisateur espagnol Photos de la matrice-sceau: avers revers
  -Archives générales de Simancas 2ème partie: Généalogie et héraldique
  -L'avers du sceau

3ème partie: Les utilisateurs

I. L’ÉNIGME

 

 

En quittant le domicile de Yannick Guillevic qui avait trouvé un curieux objet et quelques pièces en débrousaillant son jardin à Pont-Scorff, vers 1985, Claude Chrestien, l’un des principaux animateurs de la S.A.H.P.L., se demandait comment obtenir de Gilbert Baudry le sachant occupé par ailleurs, qu’il veuille bien se pencher sur les questions soulevées par ces trouvailles.

«Il va encore me dire que sans les couleurs les armoiries offrent trop de possibilités pour qu’on puisse identifier le seul propriétaire légitime … et là tout est gris ! Je ferai remarquer qu’à la chapelle de Notre Dame de Trébellec en Riec-sur-Belon, où il a révélé le Seigneur du XVe siècle qui avait pour armoirie un sanglier couronné noir, unique en son genre, on ne distinguait plus les couleurs sous la poussière accumulée qui recouvrait le vitrail (1).»

«Et puis il va se retrancher derrière les tâches qui prennent du temps, comme ses conseils à l’étudiante que je lui ai adressée, la coordination de l’équipe qui travaille au Répertoire des Seigneurs et seigneuries de l’ancien évêché de Vannes… Il vaudra mieux que j’aille en son sens sur les qualités de l’étudiante qu’il trouve très sérieuse et soucieuse de bien faire (2) … mais que j’observe un silence poli, compréhensif, sur son cher groupe du Répertoire.»

«Je n’ai guère d’arguments mais je connais la curiosité de mon Sociétaire et le plus simple et le plus sûr est de lui poser mes interrogations en lui demandant d’essayer d’y répondre :

Qu’est-ce que c’est ? À quoi servait cet appareil métallique ?

Quelles sont les armoiries sur l’un et sur l’autre des deux morceaux ?

À quel Seigneur les attribuer ? Pourquoi à Pont-Scorff ?

S’il trouve, je lui demanderai d’exposer sa démarche aux étudiants, dans notre Bulletin … plus tard.»

 

1ère Réponse : C’est une matrice capable de reproduire ce qu’on devine sur les faces intérieures des deux morceaux qui la composent ; on voit qu’ils se fixent l’un sur l’autre, que les gouttières qu’ils montrent forment le canal d’évacuation du trop plein d’un matériau fondu ; que ce coulage refroidi et solidifié formera un disque circulaire, avec un avers et un revers comme dans les sceaux, pièces et médailles. L’hypothèse du sceau s’impose à l’esprit par l’expression consacrée "Matrice-sceau" et les motifs héraldiques observés. Mais si les sceaux trouvés sont nombreux, les matrices qui leur ont donné naissance sont très rares, c’est la première que j’ai en main.

Notre animateur-chef a raison, elle mérite une recherche et aussi la réponse à une autre question non formulée :

Pourquoi une face est-elle comme neuve et l’autre illisible ?

La lecture par un jeu de miroir rend aux gravures en creux, images négatives, un reflet positif déchiffrable ; un éclairage latéral variable à volonté améliore le relief du sceau ainsi révélé. L’armoirie lisible "écartelée" en 4 représente un château à trois tours, marque de grande noblesse, et un animal dressé, "un lion ( ?) rampant" (à l’assaut d’une rampe) symbole de puissance, en bas les mêmes motifs inversés, c’est donc l’Alliance de familles importantes ; une date "1589", un mot "Indi·r·m". Quant à l’autre pièce, elle reste si indéchiffrable que je décide de la rendre … à tort !

 

II. L’ENQUÊTE

Faute de connaissances ou de documents, on doit recourir aux sources d’information les plus diverses, mais un indice n’est pas une preuve et, trouvé seul, il n’est qu’un élément qui doit entrer dans un ensemble logique, d’où la nécessité de multiplier les informations d’origines variées, d’effectuer des recoupements ; si l’ensemble est cohérent alors on s’est rapproché de la vérité.

Dans la recherche provoquée par la matrice de Pont-Scorff, outre les travaux d’historiens, il a été fait appel aux sciences auxiliaires de l’Histoire : Héraldique, Sigillogra-phie, Généalogie ; elles entrent parfois en interactions, créatrices de recoupements et d’hypothèses fécondes ; c’est pourquoi, le plus souvent, ces domaines de la connaissance ont été exploités simultanément. Dans le compte-rendu d’un cheminement que l’enquêteur convie le lecteur à partager, chaque domaine, pour plus de clarté, est traité en chapître indépendant, quitte à souligner ses connexions.

 

L’approche héraldique

Il s’agit d’identifier "le Chef de nom et armes" héritier des importantes familles qui ont laissé la trace de leurs armoiries, celles-ci offertes à un examen qu’il convient d’approfondir.

On peut commencer en supposant ce Noble ayant manoir ou terres à Pont-Scorff au XVIe siècle et donc interroger les relevés de René de Laigue dans son ouvrage "La noblesse bretonne aux XVe et XVIe siècles" (Rennes 1902). Cet auteur nous averti : «Pont-Scorff a absorbé Lesbin son ancienne paroisse maintenant village». Le pont sur le Scorff explique l’importance des lieux, "la Maison des Princes" était siège d’une Juridiction où s’employaient de nombreux Notaires.

Quelques noms connus apparaissent dans l’Enquête sur les Fouages de 1440 au fief du Vicomte de Rohan : Henri de Leslé et Terrian de Chefdubois (appelé Penhoët en 1448), Bizien … ces patronymes sont maintenus en 1536, mais connus ou non, pour aucun d’eux le blason décrit par Pol Potier de Courcy ne correspond aux châteaux et lions de la matrice. [voir "Nobiliaire et Armorial de Bretagne" (réédition de 2000) au siège de la S.A.H.P.L.].

La paroisse voisine de Cléguer de l’autre côté du pont est dominée et partagée en 1448 entre les Thomelin, d’autres Chefdubois, le seigneur de Pontcallec qui avec Louis de Malestroit en 1536 possède le manoir de Tronchâteau, pendant que Me Henry Le Pavec est à celui de Meslien et Yvon Lucas à Restrodran … tous avec des armoiries différentes de celle de la matrice.

Faire le tour des paroisses circonvoisines prendrait beaucoup de temps, on peut en gagner en employant des intersections d’ensembles : puisque l’on est devant les marques d’une alliance, on cherche celle qui possède à la fois le Château à 3 tours et l’animal dressé, sans doute un lion. Pour cela on utilise l’ouvrage de Potier de Courcy "Dictionnaire de l’Héraldique bretonne" dans lequel l’auteur a classé les armoiries d’après leurs "meubles", figures qui meublent l’écu. On dresse la liste des nobles qui blasonnent à 3 tours, en nombre réduit par rapport aux châteaux, puis celle bien fournie de ceux qui ont choisi le lion debout, on compare et sélectionne celui qui a les deux figures, car ici il n’y en a qu’un : le seigneur de Vilaines qui vient du Maine.

 

 

La bénédiction interrompue des Bénédictins

Une recherche d’identité du XVIe siècle passe par la consultation des travaux d’érudits religieux tels Dom Morice (3) et Dom Lobineau qui renvoient aux de Vilaines, moines au IXe siècle, et parlent d’hommes d’armes au XIVe siècle. Dom Lobineau (4) décrit Pierre de Vilaines qui rejoint le Comte de Monfort en 1364, dans la guerre de Succession de Bretagne qui oppose ce dernier à Charles de Blois, candidat du roi. Il se distingue dans la bataille de Cocherel le 15 Mai.

En 1367, il accompagne Bertrand Du Guesclin dans sa marche vers l’Espagne, pays où il affronte des ennemis du plus haut rang et se couvre de gloire. Dom Lobineau souligne son ascendance : «le Bègue semble bien suivi dans les déclarations …» qu’il adresse aux combattants ; opinion qui invite à considérer le surnom au sens du vieux français issu du néerlandais beggen = "bavarder" lequel semble l’emporter sur le sens moderne de "bègue", apparu au même siècle en France (5).

Dom Morice suit son ascension sociale : chevalier en 1378, il est reçu à Saint-Lô avec Jehan Bara et Du Guesclin. Chambellan du roi en Août 1379, il est excusé par le souverain car "retenu" à la tête de 30 hommes d’armes ; en 1392 au Mans, c’est sa propre "montre" qui est citée. Le prestige acquis en Espagne pourrait expliquer la particularité de ses armoiries.

Que dit Potier de Courcy dans son Nobiliaire ? Qu’un sceau de 1391 lui est attribué, ainsi décrit : «d’argent à trois lions de sable au franc canton de Castille et de Léon» ; un autre sceau de 1415 alias «gironné d’argent et de sable de 8 pièces au franc canton de Castille et de Léon». «Pierre dit le Bègue, compagnon d’armes de Du Guesclin en 1375 … famille fondue en Beaumanoir» et le Nobiliaire montre les deux armoiries avec au "franc canton" (le quart supérieur à la gauche du lecteur, partie considérée comme la plus noble) 1 lion – 1 château / 1 château – 1 lion , une présentation inverse de la matrice ! Le Bègue ou ses ancêtres ont-ils sciemment placé en tête le lion valeureux «… l’évocation du maître, l’incarnation du chef incontesté» depuis les Pharaons ? (6). De plus, le premier quartier n’est pas totalement occupé par les symboles de Léon et Castille comme dans une alliance familiale, mais tel le rappel d’un privilège. Ou s’agirait-il d’une erreur ?

Bien qu’on puisse faire confiance au double blasonnement (ce qui emploie des mots) de Potier de Courcy, une piste ne peut suffire, des recoupements s’imposent. Mais les derniers actes de Dom Lobineau et Dom Morice, sur la présence d’un hypothétique successeur du Bègue sont de 1478, avec un Bernard de Villen, modeste homme d’armes, en Bretagne ; trop éloignés de 1589, ils n’offrent pas de perspectives de poursuite dans les Évêchés bretons, peut-être aux A.D. d’Angers.

 

Gardons donc en réserve les de Vilaines dans leur Maine natal et rejoignons les Bretons dans leurs fiefs voisins, en prêtant une attention particulière à leurs épouses, venues de Castille ou portant ce nom, car Castille issu du latin castellum d’abord "forteresse" puis "château" se rencontre hors d’Espagne, par exemple avec Me Castillon, notaire de la Roche Moisan en 1654, ou avec le dérivé français Châtelain et l’équivalent breton Chastalen (registres paroissiaux de Névez).

L’hypothèse à vérifier est que de nobles Dames ont pu venir accompagnées de parents ayant les mêmes armoiries, l’un d’eux pourrait, autant que la Dame, avoir utilisé la matrice-sceau.

La liste est courte et ni Isabelle de Castille, épouse du duc Jean III, mais au XIVe siècle, ni Charlotte de Castille, épouse de Charles Chabot en 1620, fille d’un Contrôleur général des Finances de surcroit parisien, ni Marie Madeleine de Castille épouse de Nicolas Fouquet, seigneur supérieur du Largoët, ne sont à retenir. Un dictionnaire étymologique récent (7) mentionne des expressions dérivées contenant le sens de "dispute, querelle" qui pourrait être à l’origine de ces derniers patronymes, en relation avec la langue espagnole et non la province.

Cet insuccès entraîne la décision de surseoir à la recherche des implications du second terme "Léon".

 

Le recours aux techniques modernes

Entre la date 1589 qu’on pourra exploiter plus tard et le mot Indi·r·; quelques lettres s’intercalent mais quel(s) mot(s) forment-elles ? La solution va être suggérée par un ordinateur relié à Internet, un appareil photographique numérique, les deux acquis récemment par notre Société. A la même époque, Mlle Foucher nous montre ce qu’on peut obtenir avec le logiciel d’Héraldique utilisé sur son ordinateur portable.

Claude Chrestien soumet l’objet au Président Cocoual qui en obtient un superbe disque bleu, agrandi au maximum, mais la photo est plate et ne livre rien de nouveau.

Ne peut-on concilier la photographie numérique et les éclairages latéraux qui rendent le relief et la lisibilité ? Le photograppe consulté réfléchit, hésite et finalement répond : «Je peux le faire mais sans pouvoir garantir la qualité du résultat. Si vous allez au Port-Louis un confrère doté des derniers appareils fera beaucoup mieux. Il vous remettra les négatifs et je ferai le reste». Rendez-vous est pris avec "La chambre noire", puis accompagné d’un ami fidèle dans les marches et démarches, les données du problème et d’une possible solution sont exposées.

Cet homme de l’Art doublé d’un technicien averti nous demande 3/4 d’heure que nous mettons à profit pour admirer l’exposition organisée par le groupe d’animation historique du pays. Au retour, sur l’écran de l’ordinateur, le photographe nous montre une vingtaine de vues prises sous différents angles et joue avec les agrandissements comme il nous plaît de les examiner. Il a même obtenu des images positives, tout est lisible :

 

ET INDIARUM REX 1589 = ET DES INDES ROI 1589

Le résultat est si satisfaisant que le même traitement s’impose pour l’autre pièce qu’il faudra récupérer. La discussion qui clôt la séance porte sur l’exposition, deux des organisa-teurs sont aussi nos Sociétaires, leur adresse nous est donnée. Les photos sont ensuite obtenues à Lorient, voir Annexe.

La recherche d’une source d’information qui appuierait le bien-fondé de la solution "Castille - Léon" fait d’abord appel aux Nobiliaires les plus anciens, rares localement, qui ont conservé le souvenir de familles disparues ; celui de Hiérosme de Bara vient d’être réédité (8). Un ouvrage unique, attribué à Pierre de Lannion, Gouverneur de Vannes au XVIe siècle, présente l’avantage d’être généalogique et, illustré par son auteur, des armoiries des grandes familles (9). La plupart des autres ont restitué ce que Guy le Borgne avait produit ou se copient mutuellement.

Alors qu’est consulté le travail de Pierre de Lannion, à la Bibliothèque de la Société Polymathique du Morbihan (10), Pierre Robino, Président de la Société d’Histoire et d’Archéologie du Pays d’Auray, vient se renseigner. Un croquis dessiné lui rappelle le Trésor de Saint-Goustan et il promet de transmettre une illustration des pièces alors trouvées. Puis c’est Jean-Claude Sonnic qui doit apporter ses propres découvertes faites à Riantec.

Quand les résultats sont réunis et comparés, leur parfaite cohérence permet d’apporter la 2ème Réponse certaine : la matrice de Pont-Scorff, les pièces d’argent de Saint-Goustan et de Riantec ont les mêmes armoiries dans un écu octolobé : celles de Castille et Léon en Espagne.

 

L’hypothèse de l’utilisateur espagnol.

C’est au retour en bateau de Port-Louis que l’hypothèse a germé, au pied de la Citadelle. La publication de la Société d’Auray par la référence aux Guerres de la Ligue et la date de 1589 l’appuient. J.F. Buffet instruit peu sur cette période ; le tome V de "l’Histoire de Bretagne" d’Arthur Le Moyne de la Borderie, rédigé par Barthélémy Pocquet y consacre 300 pages bien documentées (11).

Le chanoine Moreau témoin oculaire et Le Goff connaissent surtout leurs régions et fort peu ce qui s’est passé dans l’évêché de Vannes, mais tous ces auteurs soulignent le rôle du duc de Mercœur et plus encore celui du chef espagnol don Juan del Aguila ; serait-il le noble recherché ? La lecture de Buffet a été positive mais le Centre d’animation historique du Pays de Port-Louis n’aurait-il pas des données plus récentes à partir d’une recherche moderne ?

À la S.A.H.P.L., le groupe de travail qui rédige l’inventaire des Ephémérides du journaliste-historien Job Jaffré, s’est enrichi d’un nouveau membre qui participe avec humour aux contractions de textes dont l’équipe a la charge ; son coordinateur qui est aussi l’enquêteur fait partager à tous, en guise de récréation, le lent avancement de sa recherche et la permanence de ses doutes. La matrice-sceau avec son mystère possède un pouvoir captateur quasi magique qui jamais ne se dément, Jeanne Macé la nouvelle recrue y succombe aisément ; elle a enseigné la langue espagnole et sa participation serait précieuse tant il devient évident qu’il faut obtenir la collaboration des Espagnols ; sa présence à Port-Louis est des plus souhaitables et elle l’accepte.

Le ménage des Sociétaires sollicités a réuni des documents variés et importants sur la présence des Espagnols à Blavet de 1590 à 1598, la construction de la première citadelle par Cristobal de Rojas, à la demande de Juan d’Aguila, et cela en s’adressant aux services officiels d’Histoire en Espagne.

L’entrevue amicale et positive permet aux enquêteurs de rejoindre Lorient avec l’adresse de la Direction des Archives générales et une photocopie du testament de «Juan del Aguila».

 

Archives générales de SIMANCAS (Valladolid) - España

La lettre qui parvient au Directeur des Archives générales de Simancas est accompagnée de la photographie de la partie Castille-Léon de la matrice et d’une vue de la citadelle. En attendant la réponse, l’autre moitié est récupérée chez Mr et Mme Guillevic qui n’ont pas retrouvé les pièces enfouies à proximité ; le lieu exact de la découverte est cependant précisé : dans un retrait de la vieille route de Lorient qui débouche sur celle de Quimperlé. L’idée vient vite à l’esprit d’effectuer une autre recherche à l’aide d’un détecteur à métaux, ce qu’autorise le nouveau propriétaire.

Parallèlement, une mesure de la densité de la matrice est opérée dans une pharmacie. Le calcul montre que le métal est un alliage.

Le Directeur de Simancas répond rapidement avec une encourageante courtoisie. Après avoir défini les attributions et caractéristiques de son service d’Archives, il fait remarquer que la photo qu’il a reçue «semble incomplète, avers ou revers, car à la légende "Roi des Indes" il manque "Roi d’Espagne" ou "des Espagnes" ce que laisse entendre également la conjonction ET ("conjuction copulativa")» ; le sociétaire port-louisien avait fait la même remarque.

«Simancas garde une abondante documentation sur Cristobal de Rojas, Juan del Aguila et le château ("castillo") de Blavet, mais dans les catalogues n’apparaît aucune référence au sceau.»

«Il était très fréquent, et l’on a beaucoup d’informations à ce sujet, que les Vice-rois ou les Hauts fonctionnaires de l’Administration en charge dans les différents royaumes de la monarchie hispanique, aient eu à leur disposition des lettres ou des documents en blanc, signés par le roi et cachetés de son sceau pour être utilisés en cas d’urgence. C’est pourquoi, il ne serait pas étonnant qu’en Bretagne Juan del Aguila ait possédé une matrice du sceau royal, pour accréditer divers documents et leur concéder un caractère de document royal». (Extraits de la Lettre du 24 mars 2004).

Après quelques conseils et adresses utiles, le Directeur nous salue cordialement et termine en restant à notre disposition pour tout éclaircissement qu’il pourrait fournir sur le sujet.

 

1ère Pause - Réflexion

1. La conjonction ET donne à la partie Castille-Léon le rôle de "revers".

2. Le Directeur de Simancas distingue l’utilisateur et le chef de l’armoirie.

3. Il parle d’une manière générale ; reste à prouver que sur l’"avers" de la

matrice de Pont-Scorff figurent bien des symboles royaux.

4. Qui était l’utilisateur du sceau ?…ou les utilisateurs ?

 

L’Avers du sceau

"La chambre noire" de Port-Louis et "Phox" sur la Bôve assurent le traitement qui a si bien réussi avec le revers, mais la qualité différente des empreintes, ici l’effacement, donne un médiocre résultat. Néanmoins on lit "PHILIPPUS", en caractères romains "VIII" ; à l’opposé on devine des arcades (?), un pont (?), des lettres … Une couronne surmonte un écu d’une rare complexité où le lion rampant est discernable ; cet écu englobe un autre plus petit, en bas encore moins lisible.

3ème Réponse : Le nom, la date, l’Histoire désigneraient Philippe II, fils de Charles Quint.

 

2ème Pause qui permet au lecteur de réfléchir et peut-être de répondre aux questions posées.

Les photos reproduites dans l’annexe n°I et le nom de Philippe prouvent-ils que les armoiries soient celles du roi d’Espagne en 1589 ?

1. Une seule information n’est pas une preuve, au mieux une probabilité d’être exacte.

2. Les armoiries se transmettent du père au fils aîné qui suit ou dans l’ordre des naissances aux héritiers mâles, à défaut à la plus âgée des filles … si ce n’est au frère du décédé.

Philippe II est l’aîné mais les armoiries peuvent avoir été celles d’un ancêtre lointain. Si en héraldique, les alliances entrent dans les blasons, n’est-ce pas le cas ici ? et de quelle épouse ?

Castille et Léon sont des provinces mais peuvent être éponymes, c’est-à-dire ayant donné leurs noms à des familles régnantes. Pour le reste, on ne peut pas le savoir tant que toutes les figures n’auront pas été identifiées. Et Philippe II a eu quatre épouses …

 

 Conclusion : La similitude entre un sceau authentique de Philippe II et l’image positive, même douteuse de l’avers de la matrice, est une voie légitime de recherche, mais le doute ne sera levé qu’avec la signification de chacun des "meubles" : fait d’armes, don, famille alliée (épouse), fief conquis ou hérité ; en outre, la comparaison devrait permettre de retrouver les mots de la titulature qui manquent.

2) Généalogie et Héraldique - Tolède     3) Les utilisateurs